Il était archi-favori. Le premier roman d’Alexis Jenni, L’art français de la guerre, s’est vu attribuer mercredi le plus prestigieux des prix littéraires français, le Goncourt. Ce professeur lyonnais de biologie, âgé de 48 ans, a été choisi dès le premier tour, par 5 voix, contre trois pour Carole Martinez. Autre prix prestigieux, le Renaudot a été attribué à Emmanuel Carrère pour Limonov, lui aussi grand favori pour le prix.
Avec L’art français de la guerre, Alexis Jenni questionne l’héritage des guerres coloniales dans une fresque ambitieuse entre Indochine et Algérie. Il est très rare pour un auteur de décrocher le prix Goncourt avec un premier roman. Avant Alexis Jenni, Jean Rouaud l’a remporté en 1990 avec Les champs d’honneur, ainsi que Jonathan Littell en 2006 avec Les bienveillantes.
Un écrivain du dimanche
L’auteur l’avoue humblement : jusqu’ici, il se voyait comme "un écrivain du dimanche". Depuis vingt ans, il n’a jamais cessé d’écrire, mais "de petites choses", jamais publiées ou qui n’ont pas marché. Alexis Jenni fait également preuve d’un autre talent, le dessin. Sur son blog intitulé "Voyages pas très loin", il publie ses croquis d’observation de la vie quotidienne lyonnaise.
Alexis Jenni a commencé à écrire L’art français de la guerre il y a cinq ans. Une fois le manuscrit de 700 pages achevé, il l’a envoyé par la poste à un seul éditeur, Gallimard, qui a aussitôt flairé la révélation de la rentrée.
Car ce Goncourt est aussi une nouvelle victoire pour Gallimard, qui va pouvoir célébrer son centenaire avec son quatrième Goncourt depuis 2000. Déjà vendu à plus de 56.000 exemplaires, L’art français de la guerre devrait faire bien mieux : en moyenne, un Goncourt se vend à 400.000 exemplaires.