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Louise Sallé // Crédit photo : Joël SAGET / AFP
Une semaine après le témoignage de sept femmes accusant l'abbé Pierre d'agressions sexuelles, le rapport de la société à la mémoire du prêtre pose question. Alors que des associations appellent à fermer un lieu qui lui rend hommage, l'auteur d'une biographie de l'abbé Pierre appelle, lui, à faire la part des choses. 

Cela fait une semaine que les témoignages de sept femmes, accusant l’abbé Pierre d’agressions sexuelles, ont été révélés dans un rapport commandé par la fondation qui porte son nom et le mouvement Emmaüs. Une huitième personne a également déclaré être victime ce week-end. Ces révélations, qui décrivent principalement des attouchements sur les seins, ont beaucoup choqué et posent la question de la "mémoire de l’abbé Pierre". Une association réclame ainsi la fermeture d’un lieu qui lui rend hommage, en Seine-Maritime. Plus que jamais, la question de la mémoire semble conflictuelle. 

"A-t-on besoin d'idolâtrer ?"

Bernard Violet a publié une biographie de l’abbé Pierre, après plusieurs entretiens avec le prêtre, qui s’est confié sur ses "faiblesses charnelles". "Il a essayé de noyer le poisson" lors de l'interview, assure-t-il au micro d'Europe 1. Mais pour cet auteur, il faut séparer l'homme de son œuvre. 

"C'est un traumatisme d'avoir été agressé sexuellement. Rien que pour elles, si ça peut les aider, alors, il faut dire les choses. Après, à chacun de faire son propre jugement entre ce qu'est un homme et en même temps ce qu'il arrive à accomplir. Mais, a-t-on besoin d'idolâtrer, d'adorer des gens ? Essayons de garder du bon sens, retenir que certains font de très belles choses, mais ils sont souvent décevants sur un plan humain", conclut-il. 

D'autres victimes prendront-elles la parole prochainement ?

Car il faut comprendre que descendre une statue de son piédestal, sans pour autant la déboulonner, est un lent processus. C’est la raison pour laquelle la parole a mis tant de temps à se libérer. "Souvent, les personnes victimes ont besoin de temps pour comprendre ce qu'elles ont vécu. Et dans cette situation précise de l'abbé Pierre, ça demande un courage à la taille de l'immense admiration qu'on peut avoir pour l'abbé Pierre", explique Marie Derain, qui préside l’instance qui indemnise les victimes mineures et jeunes majeures de violences sexuelles dans l'Église. 

"On peut s'attendre à d'autres témoignages quand une parole a été reçue une première fois, ça autorise les autres personnes à parler", poursuit-elle. Néanmoins, pour le moment, aucune victime présumée de l'abbé Pierre n'a encore sollicité cette instance.