Mort d'Alain Delon : «Adieu l’Ami», «inoubliable Samouraï»... Le monde politique et culturel pleure la disparition de l'acteur

alain delon
© GEORGES BENDRIHEM / AFP
  • Copié
/ Crédits photo : GEORGES BENDRIHEM / AFP , modifié à
Un grand fauve est mort, qui fascinait et divisait à la fois. Icône du cinéma mondial, acteur instinctif à la beauté incandescente mais aussi réac assumé à l'ego énorme, Alain Delon s'est éteint dimanche à l'âge de 88 ans. Sur les réseaux sociaux, pluie de réactions du monde politique et culturel.

Alain Delon est mort ce dimanche à l'âge de 88 ans. L'acteur de "Plein soleil", de "La piscine" et du "Samourai" est décédé vers 3 heures du matin, a précisé son fils Anthony. Rarissime au cinéma depuis la fin des années 90, l'acteur avait fait les gros titres à l'été 2023 quand ses trois enfants avaient porté plainte contre sa dame de compagnie parfois décrite comme sa compagne, suspectant un abus de faiblesse. Avant de se mener une bataille quant à la santé de l'acteur, affaibli un AVC en 2019.

"Alain Fabien, Anouchka, Anthony, ainsi que (son chien) Loubo, ont l'immense chagrin d'annoncer le départ de leur père. Il s'est éteint sereinement dans sa maison de Douchy, entouré de ses trois enfants et des siens", affirment-ils d'une même voix, tournant le dos à des mois de bisbilles par médias et justice interposés quant au sort de la star, affaiblie par la maladie. Sur les réseaux sociaux et sur les antennes, les réactions du monde politique et culturelle ne se sont pas fait attendre.

Alain Delon "a fait rêver le monde", réagit Emmanuel Macron

"Monsieur Klein ou Rocco, le Guépard ou le Samouraï, Alain Delon a incarné des rôles légendaires, et fait rêver le monde. Prêtant son visage inoubliable pour bouleverser nos vies. Mélancolique, populaire, secret, il était plus qu’une star : un monument français", a déclaré sur le réseau social X le président Emmanuel Macron.

"Il y a des samouraïs qui sont des princes et des acteurs qui sont un plein soleil : merci Alain #Delon pour cette immense vie de cinéma", a philosopohé pour sa part le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.

Delon laisse "un vide abyssal que rien, ni personne, ne pourra combler", pour Brigitte Bardot

La disparition d'Alain Delon "creuse un vide abyssal que rien, ni personne, ne pourra combler", a déclaré Brigitte Bardot dimanche, dans un message manuscrit transmis à l'AFP. "Alain en mourant met fin au magnifique chapitre d'une époque révolue, dont il fut un monument souverain", a écrit celle qui reste désormais la dernière légende vivante du 7e art français.

"Il a représenté le meilleur 'du cinéma prestige' de la France. Un ambassadeur de l'élégance, du talent, de la beauté", écrit "BB" à propos de son ami. "Je perds un ami, un alter ego, un complice. Nous partagions les mêmes valeurs, les mêmes déceptions, le même amour des animaux". "Je pense à une phrase (du poète) Alfred de Vigny dans 'La mort du loup' : "A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse, Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse", conclut-elle.

"Le bal est fini. Tancredi s'en est allé...", a réagi l'actrice Claudia Cardinale

"Le bal est fini. Tancredi s'en est allé danser avec les étoiles...", a réagi l'actrice italienne Claudia Cardinale à la disparition d'Alain Delon, son partenaire dans "Le Guépard", dans un message transmis dimanche à l'AFP. Évoquant Tancrède, le personnage interprété par Alain Delon dans "Le Guépard", film culte de Luchino Visconti (1963), Claudia Cardinale a ajouté : "On me demande de mettre des mots... mais la tristesse est beaucoup trop intense. Je me joins à la douleur de ses enfants, de ses proches, de ses fans...".

"Per sempre tua (À toi pour toujours), Angelica", conclut Claudia Cardinale, en signant du nom de son propre personnage dans le film, qui reçut la Palme d'or au festival de Cannes.

"Il laisse la France orpheline de sa plus belle incarnation à l'écran", pour Rachida Dati

"Alain Delon était de la race des seigneurs. Il restera à jamais aux yeux du monde l’Homme français avec un grand H. La France pleure un monstre sacré qui habita le quotidien des Français par delà les générations et continuera à nous faire vibrer encore longtemps", a déclaré sur le réseau social X Éric Ciotti, peu de temps après l'annonce du décès de l'acteur.

Au micro d'Europe 1, l'ancien ministre de la Culture Jack Lang a également réagi à la disparition de son ami Alain Delon : "Pour moi, c'est un immense chagrin, c'est une évidence que pour beaucoup d'entre nous, Alain Delon coïncide avec une époque assez glorieuse, un cinéma d'auteur, de création et des films marquants à jamais. C'est un monstre sacré, c'est un monument qui domine l'histoire du cinéma français et la culture française", a-t-il déclaré sur Europe 1.

"Alain Delon n'est plus. On le croyait immortel d'avoir eu plusieurs vies, d'avoir joué tous les rôles", a réagi sur X la ministre démissionnaire de la Culture Rachida Dati. "Enfant du 7ème art, il laisse la France orpheline de sa plus belle incarnation à l'écran. Je perds par ailleurs un ami cher, qui a beaucoup compté pour moi et ma famille."

"Un homme sensible et sensible aux autres"

Au micro d'Europe 1, l'animateur et présentateur William Leymergie se souvient d'Alain Delon comme d'un homme "sensible et sensible aux autres". Il se remémore notamment une interview, réalisée dans la maison de l'acteur : "C'était la seule fois où il a fait cette interview chez lui, il était un peu tendu et voulait bien faire. L'interview ne se passe pas trop mal, il voulait que chacun soit à sa place et à la fin, et ce n'était pas prévu, il a convié tout le monde dans la salle à manger où il avait fait un buffet et s'est occupé de toute l'équipe. Il aimait bien qu'on soit bien", a confié William Leymergie au micro d'Europe 1 midi week-end.

"Adieu l'Ami, (…) une personnalité incroyable et fascinante, sa beauté ne peut suffire pour expliquer l'exceptionnelle évolution de son talent. Il était habité par la grâce", a confié le journaliste et écrivain Philippe Labro. 

"Légende du cinéma, sommet inégalé de beauté masculine, inoubliable Samouraï chez Melville et Monsieur Klein chez Losey, homme libre, c’était Alain Delon", a de son côté posté Éric Naulleau.