"Il y a d'abord des grands textes, un grand interprète. J'aime ses chansons." C'est ainsi qu'Alexis Corbière, député La France insoumise, parle de Michel Sardou. Au micro d'Europe 1, mercredi, l'élu raconte son "amour de la chanson française" et de Sardou en particulier. Il salue chez lui des thèmes de société et des messages universels qui le séduisent. Cette passion d'un homme de gauche pour un chanteur "de droite" pourrait sembler surprenante mais pour Alexis Corbière, ce n'est pas incompatible. Il considère par ailleurs que Sardou ne doit pas être caricaturé.
Le goût pour des textes "universels"
L'attrait pour Michel Sardou lui vient dès l'enfance. "On écoutait Sardou chez mes parents, j'ai accroché à ses textes quand j'étais enfant", raconte Alexis Corbière. "Ils me semblaient porter des thèmes de société : la mariage des prêtre avec Le jeune curé, l'école privée ou publique. Et puis des grands thèmes universels, comme dans La maladie d'amour". C'est cette universalité qui continue de l'émouvoir : "Ce qui me touche, c'est que j'ai aimé ces chansons quand j'avais 15 ou 20 ans et quand je les fait réécouter à mes filles, elles aussi aiment ça. Seuls les grands artistes ont ce caractère universel."
"C'est pour ça que je garde Sardou dans mon panthéon particulier. Tout n'est pas du même niveau mais il y a des chansons formidables. Les Lacs du connemara, tout le monde se met à chanter. Les grandes chansons permettent ça", estime Alexis Corbière. Dans ses artistes préférés, on retrouve aussi "Renaud, Jean Ferrat, Maxime Le Forestier, Brassens. Quand on aime la chanson française, il faut l'aimer dans sa globalité. Il n'y a pas de sectarisme à avoir en art", affirme-t-il.
Aimer Sardou malgré les différences politiques
Car Michel Sardou n'est pas au diapason de ses idées politiques. "Progressivement, j'ai compris que des idées parfois défendues dans ses chansons n'étaient pas les miennes", raconte Alexis Corbière. "Mais j'ai toujours aimé la manière de les présenter, en faisant référence à l'histoire de France. Je suis professeur d'histoire, j'aime ça", poursuit-il. Ainsi, si Sardou chante Danton, le député LFI, lui, est "plutôt Robespierre mais j'aime les deux et c'est une chanson qui est intelligente, bien écrite, qui dit des choses avec lesquelles je ne suis pas d'accord mais qui brosse une fresque historique".
Pour Alexis Corbière, "on peut aimer un artiste sans partager ses convictions politiques, à condition que ce dernier ne soit pas un 'salaud'. Et ce n'est pas le cas de Michel Sardou". Alors comme pour les acteurs de cinéma, peu importe qu'il soit "un homme de droite, un gaulliste" et "en même temps, je ne veux pas non plus qu'il soit toujours caricaturé" prévient le député. Il considère se retrouver, même dans certains textes plus engagés.
Dans Vladimir Ilitch, où Sardou chante : 'Lénine, réveille-toi, ils sont devenus fous', Alexis Corbière voit "une chanson antistalinienne. Et j'étais plutôt de cette tradition politique attachée à la révolution russe qui n'avait pas apprécié qu'elle devienne une monstruosité". Autre exemple selon lui : "Musulmanes, qui est une forme d'hommage aux femmes musulmanes et Le temps des colonies, qui quand on l'écoute bien, se moque des colons et n'est pas pro-coloniale".
Un raconteur d'histoires
Et s'il fallait encore une raison pour Alexis Corbière d'aimer Michel Sardou, il y a sa chanson Je viens du Sud qui lui parle, puisqu'il est "né au bord de la méditerranée, à Béziers. C'est une belle chanson qui me touche profondément et me fait penser à mon père."
Alors le député ira probablement voir la comédie musicale "Je vais t'aimer", si le Covid le permet. "J'espère qu'on pourra tous aller le voir et l'apprécier. Je ne doute pas que ça sera du grand spectacle." Et ce d'autant plus que selon lui, "il y a chez Sardou ce côté comédie musicale, d'histoire racontée, et ça colle bien à ses textes".