Le livre de Michel Houellebecq, intitulé Anéantir, s’ouvre sur une phrase très houellebecquienne : "Certains lundis de la toute fin novembre, ou du début décembre, surtout lorsqu’on est célibataire, on a la sensation d’être dans le couloir de la mort." Fin de citation. Encore une plongée mortifère au plus profond de la solitude, se dit-on. Mais non. Très vite, on bascule dans un roman d’espionnage.
Un roman politique ?
Des agents de la DGSI sont intrigués par des vidéos diffusées sur le web par des hackers. Notamment une où l’on voit le ministre de l’Economie, Bruno Juge – qui ressemble étrangement à Bruno Le Maire, d’ailleurs – se faire guillotiner. C’est un montage.
Le ministre, lui, s’occupe d’affaires plus importantes – comme la présidentielle de 2027 dans six mois – avec son conseiller, Paul Raison. C’est lui, le héros du livre. Il travaille beaucoup, son couple est en perdition, ils ne se croisent quasiment plus. Et son père vient de faire un AVC, ce qui va obliger Paul à retrouver sa famille.
Dans Anéantir, on retrouve l’humour grinçant de l’écrivain, voire son cynisme parfois, sur la déréliction de l’Occident. Mais on y découvre aussi un Houellebecq apaisé. Un Houellebecq à la recherche de la bonté de ses personnages. "L’amour sauve", c’est le message du livre. Sans doute le plus beau roman de Michel Houellebecq.