Tout le monde connaissait ses chansons, si propices à nous mettre de bonne humeur. Annie Cordy, l’interprète des inoubliables Tata Yoyo ou Cho Ka Ka O, est décédée vendredi à l'âge de 92 ans à son domicile de Vallauris dans les Alpes-Maritimes. "Elle a fait un malaise vers 18h. Les pompiers sont arrivés très vite, ont tout tenté pour la ranimer", a indiqué sa nièce, Michèle Lebon, qui vivait avec elle depuis des années.
Dès ses débuts, une artiste aux multiples talents
Après des débuts à Bruxelles, en Belgique, dont elle est originaire, Annie Cordy, Léonie Cooreman de son vrai nom, arrive au Lido, à Paris, en 1950. C'est là que, comme meneuse de revue, elle prend son nom de scène. Elle rencontre rapidement François-Henri Bruno qui devient d'abord son impresario, puis son mari. Leur mariage durera 31 ans, jusqu'à la mort de ce dernier en 1989. Elle affirmait tout lui devoir, se décrivant comme "Nini la chance". Elle avait coutume d'appeler "papa" celui qui était de 17 ans son aîné.
Très rapidement, elle montre toute l'étendue de son talent. D'abord avec des opérettes comme La Route fleurie, avec Bourvil, puis ses premières chansons comme Les Trois Bandits de Napoli ou La ballade de Davy Crockett. Ses premiers films arrivent peu après. Elle tourne pour Sacha Guitry dans Si Versailles m'était conté... et avec Louis de Funès et Bourvil dans Poisson d'avril. Elle devient très rapidement une vedette qui remplit l'Olympia et Bobino. Avec Luis Mariano et Bourvil, elle tourne l'adaptation de l'opérette Le Chanteur de Mexico au cinéma qui l'emmène aux États-Unis. Elle rencontre également le succès au théâtre.
Sa popularité est telle que le 18 avril 1956, elle chante pour les fiançailles de Grace Kelly et du prince Rainier III de Monaco.
Une chanteuse talentueuse et prolixe
La reine du music-hall français a consacré sa vie à la scène. Elle compose, avec Darry Cowl comme partenaire, Pic et Pioche, en 1967, et un Indien vaut mieux que deux tu l'auras, avec Pierre Doris. En 1972, elle crée la version française de Hello, Dolly! adaptée par Jacques Collard. Cela lui vaut l'Award de la meilleure show-woman européenne.
Mais Annie Cordy devient surtout au yeux du public une célèbre chanteuse, toujours souriante, dont les chansons respirent la bonne humeur. "J'endosse l'étiquette de chanteuse rigolote, le public m'aime pour ça, grâce à Dieu je n'ai jamais été un sex-symbol", disait Annie Cordy, première femme à recevoir le prix Moutarde à Dijon en 1965, pour le piquant de sa personnalité artistique.
Avec son tablier immaculé de Bonne du curé, ses nattes articulées de Frida Oum Papa et son truc en plume de Tata Yoyo, elle ne voulait donner Que du bonheur, titre d'un spectacle jazz et swing qu'elle donna au Casino de Paris et à l'Olympia. Au total, Annie Cordy c'est plus de 700 chansons, et près de 2.000 en comptant les reprises et les hommages. Elle a aussi participé à environ 10.000 galas et soutenait plusieurs associations. Jusqu'en 2014 elle sillonnait les routes de France avec Âge tendre, la tournée des idoles. Pendant le confinement, elle avait participé à une chanson avec 25 artistes, Ça ira mieux demain.
Une longue carrière sur petit et grand écran
Annie Cordy a également tourné dans une quarantaine de films et presque autant de séries. Elle tourne pour Claude Chabrol dans La Rupture et en 1971, elle côtoie Jean Gabin et Simone Signoret dans Le Chat. Celle qui préférait les chiens - elle en aura eu presque une dizaine au cours de sa vie - a tourné jusqu'en 2018. En 2015, elle tournait dans la série Chefs d'Arnaud Malherbe aux côtés de Clovis Cornillac.
Annie Cordy est même anoblie en 2004 par le roi des Belges Albert II, qui l'a faite... baronne ! Une information qui n'avait pas manqué de surprendre Jean-Paul Rouve en 2015, sur Europe 1, qui l'avait fait tourner dans Les Souvenirs, l'un de ses derniers films où elle incarnait une grand-mère fugueuse, éprise de liberté. "La passion fait la force", disait son blason. Et difficile de trouver une artiste plus passionnée.