Après la colère des fans d'Oasis, les pratiques de vente de billets dans le collimateur

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avec AFP
Après la vente chaotique des billets pour la tournée retour d'Oasis, le gouvernement britannique va se pencher sur les méthodes de vente de places de concert, et notamment sur la pratique de "tarification dynamique", qui a conduit à une flambée des prix et à des centaines de plaintes de fans outrés.

Oasis a annoncé la semaine dernière se reformer pour une série de concerts à l'été 2025 au Royaume-Uni et en Irlande, qui a suscité un engouement phénoménal, 15 ans après la séparation du groupe emblématique de la Britpop. Mais samedi, la vente des places pour ces 17 concerts a tourné au parcours du combattant. Après avoir souvent attendu des heures sur les plateformes de vente de billets, notamment le mastodonte Ticketmaster UK, de nombreux fans du groupe formé par les frères Liam et Noel Gallagher en 1991, ont eu la mauvaise surprise de se voir proposer des places beaucoup plus chères que les prix annoncés avant la vente.

Certains billets affichés initialement à environ 150 livres (178 euros) ont ainsi été proposés à plus de 350 livres. Sur les réseaux sociaux, des milliers de fans outrés ont fait part de leur "dégoût", certains dénonçant une "arnaque". Lundi, des centaines avaient porté plainte auprès du régulateur britannique de la publicité.

Un gouvernement trouvant "profondément déprimant de voir des prix largement gonflés"

Face au tollé, la ministre de la Culture Lisa Nandy a promis dimanche soir que le gouvernement allait examiner cette pratique dite de tarification dynamique, largement généralisée pour l'achat de billets d'avion par exemple, et qui se développe dans la musique. Cela consiste à ajuster en temps réel le prix de vente à la demande des consommateurs: plus celle-ci est forte pour un produit donné, plus le tarif augmente.

 

La ministre a jugé "profondément déprimant de voir des prix largement gonflés, qui privent les fans ordinaires de toute chance d'apprécier leur groupe favori sur scène". Elle a affirmé vouloir œuvrer à la mise en place d'un système "plus juste". Le gouvernement va inclure les "sujets de transparence et d'utilisation de la tarification dynamique" lors d'une consultation prévue sur la protection des consommateurs, a-t-elle promis. Cet examen portera aussi sur "les systèmes de file d'attente" mis en place par les plateformes, après les déboires rapportés par les fans durant la vente, a précisé lundi un porte-parole du Premier ministre Keir Starmer. "Les stratégies tarifaires relèvent évidemment des organisateurs d'évènements et des plateformes de vente, mais clairement, elles doivent respecter la législation en vigueur", a-t-il insisté.

450 plaintes

Ses défenseurs avancent que la tarification dynamique permet de lutter contre ceux qui achètent des billets avant de les revendre à des prix très élevés. Accusé d'être responsable, Ticketmaster UK s'est défendu samedi en affirmant que "l'organisateur" de la tournée, à savoir les promoteurs et les artistes, avaient choisi de fixer les prix "en fonction de leur valeur marchande", validant donc l'application d'une tarification dynamique.

Lundi, le régulateur britannique de la publicité, l'Advertising Standards Authority (ASA) a indiqué avoir reçu 450 plaintes de consommateurs affirmant que "les publicités (de la plateforme) contenaient des informations trompeuses sur la disponibilité et le prix" des billets."Nous examinons avec attention ces plaintes", a indiqué l'ASA à l'AFP, ajoutant qu'aucune enquête n'était à ce stade formellement ouverte.

En Irlande, le vice-Premier ministre Micheal Martin a dénoncé dimanche des "prix abusifs", certains billets s'étant vendus dans ce pays à plus de 400 euros. Avant Oasis, une polémique avait déjà accompagné la vente de billets par Ticketmaster pour la tournée 2023 du chanteur américain Bruce Springsteen aux États-Unis.

Du fait de la tarification dynamique, certains billets avaient été vendus plusieurs milliers de dollars. Aux Etats-Unis, Live Nation Entertainment, la maison mère de Ticketmaster depuis sa fusion avec la plateforme en 2010, est dans le viseur du gouvernement, accusé de pratiques anticoncurentielles.