C'est avec une joie non-dissimulée que Houda Benyamina a reçu la Caméra d'or 2016, qui récompense le meilleur premier film, pour Divines.
"T'as du clito". Particulièrement heureuse que son prix lui soit remis par des femmes, la réalisatrice franco-marocaine de 35 ans a appelé à ce que les femmes soient plus présentes dans le monde du cinéma. Dans un discours réjouissant, elle a également lancé à Edouard Waintrop, le directeur de la Quinzaine des réalisateurs, "T'as du clito", une des répliques de son film.
Un film qui prend aux tripes. Porté par une intrigue haletante et un jeu d'actrices à l'énergie folle, Divines est un coup de poing venu des quartiers populaires, un film qui prend aux tripes et a été chaudement applaudi à Cannes. L'actrice principale, Oulaya Amamra, 20 ans, incarne Dounia, une jeune fille qui vit dans un camp de roms en marge d'une cité de la banlieue parisienne, et a décidé que dans sa vie, tout serait possible. Quitte à faire parler les poings. Elle forme un duo souvent hilarant, ados liées à la vie à la mort, avec Deborah Lukumuena, sa meilleure amie, la fille de l'imam du quartier.
La drogue, la pauvreté et la relégation sont omniprésentes dans ce film. Mais ici, nul misérabilisme ou discours social pesant. Le spectateur est happé par une histoire foisonnante, suivant les pas de Dounia qui quitte le lycée et s'émancipe de sa famille. La mise en scène soignée fait appel à tous les registres du cinéma, offrant aussi de belles séquences chorégraphiées, lorsque Dounia tombe amoureuse d'un jeune danseur de son quartier. La question du rapport à la religion est abordée, tandis que le féminisme est une évidence : le caïd de la cité est une fille qui revendique tout naturellement "d'avoir du clito", plutôt que des couilles.