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A.D , modifié à
1969. L'année érotique de Gainsbourg était aussi celle de la sortie d'"Easy Rider" et de sa bande originale... sauvage.

Album culte pour film culte. Born to be wild résonne dans les oreilles. Nous sommes en 1969 et le road movie Easy Rider de Denis Hopper reçoit le prix de la meilleure première oeuvre au Festival de Cannes. Dans le film, Wyatt et Billy, deux motards en Harley qui vendent une grosse quantité de drogue, quittent Los Angeles pour aller au carnaval de La Nouvelle-Orléans avec l'argent qu'ils ont gagné. Ils traversent les Etats-Unis, rencontrent policiers et hippies. Voilà pour le pitch du film. L'histoire de sa musique, c'est le Europe 1 Music Club qui la retrace.

Hendrix en piste. A la fin des années 1960, Jimi Hendrix est une immense star et son immense tube If six was nine est sur la bande. Le morceau aide à poser l'ambiance hippie.

Pas de doublure pour la fumette. D'autres n'ont pas eu la notoriété d'Hendrix mais ont aussi contribué à l'ambiance du film. C'est le cas du groupe "Fraternity of man" avec la chanson Don't bogart me. Il faut s'imaginer autour du feu avec une "cigarette" à faire circuler. Quand on dit à son voisin "Don't Bogart the join", ça veut dire "Ne fais pas ton Humphrey Bogart avec le joint", soit "Ne garde pas le joint pour toi" ou plus clairement "Fais tourner !". Oui, on peut faire des chansons sur le sujet. Pour l'anecdote, pendant la scène de la veillée nocturne où le joint passe de main en main, Peter Fonda, Denis Hopper et Jack Nicholson ont réellement fumé de la marijuana. Pas de doublures !

Quelques déconvenues. Mais tout n'était pas si simple. Le film ne cachant pas son côté sulfureux, plusieurs groupes qui avaient accepté d'être dans la musique du film ont réfléchi à deux fois avant de vraiment se retrouver sur la BO. Par exemple, le groupe "The Band", dont la chanson The Weight est dans le film, a reculé au moment de la sortie de la bande originale. C'est donc une reprise qui a été enregistrée par le groupe "Smith", oublié depuis.

Il y a aussi le cas Bob Dylan, puisque des Charrues au Nobel, rien n'est jamais évident avec Dylan. Hooper voulait le chanteur dans son film, mais la star a fait... sa star et a posé quelques conditions. Il n'aimait pas trop la fin du film et a demandé, en toute simplicité, à ce qu'elle soit changée. Refusé. Dylan accepte alors que sa chanson It's alright ma soit utilisée mais sans que ce soit lui qui l'interprète. Il ne voulait pas non plus que ce soit le générique de fin. Des conditions une nouvelle fois drastiques mais qui furent cette fois acceptées. 

Le bon goût du monteur. Malgré toutes ces petites péripéties, la bande annonce a très bien marché dans les bacs. L'album s'est classé numéro six des ventes à l'été 69. C'était alors encore assez nouveau de prendre des tubes pour en faire la musique d'un film. C'est grâce au monteur que le film a eu cette allure sonore, pour la simple raison que lors du montage, il écoutait du rock. Quand il a vu ça, Denis Hopper, qui prévoyait de faire enregistrer un groupe pour de la musique instrumentale, change son fusil d'épaule.

Dans sa première option rock, c'était Crosby, Stills et Nash qui devaient faire la musique. Mais le réalisateur se dispute avec eux, qui roulent en limousine et ne peuvent pas, selon lui, comprendre son film. Ils en viennent presque aux mains. C'est pourquoi la BO est devenue une collection de plein d'artistes différents. Une seule chanson a été écrite spécialement, La ballade d'Easy Rider, chantée par Roger McGuinn, le chanteur des "Birds".

On ne résiste évidemment pas à vous proposer la plus culte d'entre toutes, Born to be wild de Steppenwolf :