Melody Nelson, c'est la Lolita de Nabokov transposée dans l'univers de Gainsboug. L'album Histoire de Melody Nelson, enregistré entre Londres et Paris, sort le 24 mars 1971. Catastrophe commerciale à sa sortie, il est devenu disque d'or au bout de...12 ans. Europe 1 Music Club vous fait partager les secrets de ce disque devenu culte.
Une jeune fille et une Rolls. Échec ou non, Serge Gainsbourg était très fier de cet album dont l'idée a germé en 1969 avec la chanson Teenie Weenie Boppie, écrite pour France Gall. Une chanson qui raconte l'histoire d'une jeune femme et d'un homme plus âgé qui la frôle dans sa Rolls. Cette trame, Gainsbourg la récupère en 1971 pour en faire le point de départ de l'histoire de Melody Nelson. (Petite anecdote : Gainsbourg lui-même s'était acheté une Rolls-Royce...sans avoir le permis).
Poésie. Sur cet album, Gainsbourg a collaboré pour la musique avec Jean-Claude Vannier, arrangeur de renom qui avait déjà travaillé avec Michel Polnareff et Johnny Hallyday. Basses puissantes, cordes orientales et guitares accrochent l'oreille. La structure des textes tient aussi du génie. Gainsbourg a tout bonnement écrit des sonnets, armé d'un dictionnaire de rimes de chez Albin Michel. La poésie donne un petit côté cryptique aux textes, ce qui n’arrête pas les Anglais, fans le plus véhéments de cet album dans le monde. Sean Lennon, Arctic Monkeys, Massive Attack citent tous Melody Nelson au rang de leurs influences.
Le mystère du chiffre 7. Le rythme varie : en vingt-huit minutes et deux secondes - la durée des sept chansons de l'opus - trois titres font moins de deux minutes et deux plus de sept minutes. Ce qui accrédite la thèse de ceux qui croient à un mystère autour du chiffre 7 puisque Melody Nelson meurt dans un Boeing 707 sans avoir son chiffre porte bonheur...le 7. La chanson Hôtel Particulier est la chanson qui fait tout basculer dans l'histoire puisque le héros et Melody consomment leur amour. Pour que la morale soit sauve, le héros ne l'épouse pas, non,...mais la jeune fille ne survit pas à un crash aérien. Gainsbourg raconte sa mort sur un ton assez glaçant plus proche du slam que du chant.
L'histoire de la pochette de l'album
Aussi culte que les chansons, la pochette du disque montre Jane Birkin coiffée à la garçonne, en jean et torse nu, tenant une poupée dans ses bras cachant sa poitrine. Elle est l'incarnation de Mélody, la lolita. Il faut noter que son jean n'est aps boutonne : ça fonctionne pour la provov' mais ce détail a une signification plus terre à terre. Au moment de la photo, la chanteuse était enceinte de Charlotte et ne pouvait plus fermer son pantalon.