Cinq ans après Sur la route du Marsupilami, Alain Chabat fait son retour en tant que cinéaste avec Santa & Cie, en salles mercredi. Dans ce nouveau film, il incarne un Père Noël qui se rend sur Terre afin de trouver un remède pour ses lutins malades. La suite d'une longue carrière du côté de la comédie, dans laquelle il a su imposer son style.
Pastiches et auto-dérision. C'est d'abord accompagné que tout a commencé. Dès 1987, ils forment Les Nuls sur Canal+, avec Chantal Lauby, Bruno Carette (mort deux ans plus tard en 1989) et Dominique Farrugia. Ils deviendront ses complices de toujours. À l'écran, la bande fait le show : parodies de JT, de films, fausses publicités. Ils deviennent l'étendard de "l'esprit Canal", chaîne créée en 1984.
Au sujet des Nuls, la chercheuse Nelly Quemener souligne le côté réflexif de leur humour : la télévision qui se moque d'elle-même, "en déconstruisant les procédés et codes qui régissent les programmes télévisés", comme un miroir déformant. Lors de leur grand saut dans le cinéma, avec La cité de la peur (1994), on retrouvera le même procédé. Les Nuls et le réalisateur Alain Berberian parodient le monde du septième art, mais aussi un genre, le thriller. Le public les retrouvent avec plaisir, eux qui ont arrêté leur émission sur Canal+ en 1992, éreintés par le rythme imposé.
Références à tout rompre. L'autre trait qui distingue l'humour façon Chabat, ce sont les références. Chez Les Nuls déjà, mais aussi lorsqu'Alain Chabat trace sa route seul, l'artiste pousse le curseur au maximum en multipliant les clins d’œil à l'histoire culturelle qui l'a précédée. Que ce soit dans Didier (César de la meilleure première oeuvre en 1998), mais aussi plus tard dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre ou encore RRRrrrr!!!. À titre d'exemple, dans la scène du combat entre Numérobis et Amonbofis dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, on retrouve des allusions à Matrix (1999), aux films de sabre chinois (Wu xia pian) et d'arts martiaux chinois (Kung fu pian), ou encore au manga Dragon Ball.
Voyage en absurdie. Références et pastiches s'accompagnent aussi d'une bonne dose de loufoquerie. Devant l'oeuvre d'Alain Chabat, on pense évidemment aux Monty Python ou encore à l'absurdité de Y a-t-il un pilote dans l'avion ? (1980). Le décalage des situations apparaît comme une fondation : un élément indispensable pour que la machine tourne.
L'artiste ira jusqu'à décliner ce savoir-faire dans un jeu télévisé : Burger quiz (2001-2002). Un programme décalé dans lequel deux équipes (ketchup et mayo) s'affrontent en répondant à des questions, à travers différentes épreuves.