1492 : Christophe Colomb découvre l'Amérique et un "nouveau monde" se dévoile aux yeux de "l'ancien". La formule résonne encore comme un vieux souvenir dans la tête de beaucoup d'anciens écoliers. Pourtant, la réalité semble un plus complexe que cela.
Moines irlandais et baleiniers basques
Le continent américain comptait avant 1492 plusieurs millions d’habitants. Les ancêtres des Amérindiens, véritables découvreurs de l'Amérique, sont venus d'Asie plusieurs dizaines de milliers d'années avant notre ère, à l'époque glaciaire. La Sibérie et l'Alaska étaient alors reliées par une bande de terre, que ces peuples ont ainsi franchi pour rejoindre l'Amérique du nord au sud.
Côté Européens, plusieurs historiens évoquent les pistes de moines irlandais ou de baleiniers basques ayant fait, avant Christophe Colomb, état de l'existence d'une terre outre-Atlantique. "La vérité est que depuis longtemps avant Colomb on a su qu'il y avait un terre de l'autre côté de l'horizon", avance sur Europe 1 l'écrivain Dominique Le Brun, auteur d'Eloge passionné des navigateurs.
Mais selon lui, s'"il est possible que des baleiniers basques aient touché l'Amérique et soient revenus en disant 'Il y a une terre de l'autre côté', ça s'est arrêté là." L'écrivain ajoute que "si tant est que les moines irlandais soient arrivés en Amérique, ils sont repartis. Alors que Christophe Colomb a initié un mouvement de colonisation."
Leif Eriksson, premier colon venu d'Europe
Christophe Colomb n'est cependant pas le premier à avoir tenté de coloniser l'Amérique. Vers l’an mille, les Vikings franchissent l’Atlantique et colonisent le Groenland. À la mort du chef Erik le Rouge, son fils, Leif Eriksson, prend le commandement de la colonie scandinave et, avec 30 marins, pousse un peu plus loin vers l’ouest.
Le nouveau chef viking débarque alors sur ce qu'il appelle "le pays des pierres plates, le pays des forêts et le pays de la vigne". C'est l'Amérique. Mais la colonie viking fait long feu. "Ils ont essayé de s'installer vers Terre-Neuve et le Labrador", explique Dominique Le Brun. "Mais les Amérindiens les ont repoussé". Leif Eriksson est tout de même resté dans la mémoire des États-Unis, où il est célébré chaque 9 octobre.
Christophe Colomb, dans le faux jusqu'à sa mort
En 1492, Christophe Collomb est donc le premier Européen a lancé un mouvement de colonisation de l'Amérique qui finira par aboutir. Pourtant, à sa mort en 1506 l'explorateur est toujours persuadé d'avoir rejoint l'Asie par l'ouest. Il croyait que les océans n’occupaient qu’un septième de la superficie de la Terre, alors que l'on sait aujourd'hui que notre planète est bleue sur 70% de sa surface.
Le colonisateur de l'Amérique aura donc cru toute sa vie une théorie née d'une erreur dans ses calculs de cartographie. "J'ai donné les Indes au roi et à la reine", écrivit-il ainsi dans son testament.
La colonisation de l'Amérique, une plaie encore d'actualité
Un autre aspect de la "découverte" de l’Amérique par Christophe Colomb est important d'évoquer. Après 1492, conquistadors, colons et missionnaires arrivent avec dans leurs grosses valises des maladies bien de chez nous, comme la rougeole et la variole, contre lesquels les Amérindiens sont encore moins bien protégés que les Européens. Ces maladies ont participé à décimer ces sociétés autochtones.
Surtout, Christophe Collomb et ses suivants ont organisé le travail forcé et le massacre des Amérindiens. "Les Indiens n'ont pas d’armes et sont si peureux qu'à mille, ils n'oseraient pas combattre trois des nôtres. Ils sont donc propres à être commandés et à ce qu'on les fasse travailler", écrit-il dans son journal de bord.
Aujourd'hui, le "Columbus day", est encore un jour férié célébré aux Etats-Unis chaque deuxième lundi d'octobre. Il est pourtant remis de plus en plus en cause par les descendants des Amérindiens et les militants de la reconnaissance du génocide des peuples autochtones. A l'automne 2020, plusieurs statues de Christophe Colomb ont été déboulonnées par des manifestants, en pleine montée du mouvement "Black Live Matter" et des débats antiracistes et anticolonialistes.