Le bon vin coûte-t-il fatalement (très) cher ? Avec des tarifs qui s'envolent parfois, la question est légitime. Notre chroniqueur spécialiste du vin, Olivier Poels, donne des repères sur le prix des bouteilles.
Un minimum
Il faut tout d’abord énoncer un principe : "En France, on ne peut pas trouver un vin honnête en termes de qualité, et qui rétribue son producteur, en dessous de 4 ou 5 euros. Quand vous trouvez du vin en promotion à 1,50 euro chez les hard discounters, quelque part, le vigneron se fait tordre le bras." De même, quand le champagne est en deçà de dix euros, notre spécialiste conseille de se méfier : "Il y a anguille sous roche."
L'explosion du foncier
Le prix de production d’un grand cru en France, vendange à la main comprise, est de 12 à 15 euros la bouteille. Ce qui est payé au-delà est l’amortissement du foncier (les parcelles de vignes) et la spéculation. "Le problème, c’est que l’amortissement du foncier aujourd’hui a explosé", indique Olivier Poels, qui démontre par l'exemple : "En Bourgogne, cette année, il s’est vendu 7,5 hectares du clos de Tart pour plus de 220 millions d’euros, soit environ 30 millions d’euros l’hectare, un hectare pouvant faire 5.000 bouteilles de vin." Ne sortez pas votre calculette, on l’a fait pour vous : il faudrait donc vendre des bouteille au moins 300 euros l'unité pendant 20 ans pour amortir cet achat.
Il faut bien noter qu'acheter une bouteille très chère entretient ce phénomène foncier. L’avis de notre chroniqueur est qu’au-delà de 50 à 60 euros la bouteille, la rémunération est un peu exagérée.
Le prix du bio
La viticulture en bio demande plus de main d’œuvre et de temps : le prix en est donc impacté. Sur des vins qui seraient à 4 ou 5 euros en non bio, il faut compter un euro de plus pour une bouteille biologique. Sur des grands crus, aux tarifs plus élevés, l’incidence du bio sur le prix est quasiment nulle.