Pudique, l'écrivain français installé aux Etats-Unis Marc Levy n'aime pas montrer son "atelier", comme il dit. Exceptionnellement, il a pourtant ouvert son bureau à Europe 1. "Tous les métiers qui font appel à l'imaginaire sont des métiers où on ne doit pas voir les mains", souligne-t-il pour justifier sa discrétion. "On ne doit pas voir les mains du marionnettiste, ça touche au charme de la chose. Je n'ai jamais eu envie de faire visiter mon bureau!"
Passées ces réserves, Marc Lévy a finalement bien voulu livrer un peu de ses secrets de fabrication. Son bureau occupe le dernier étage d'une jolie maison de West Village, historiquement un quartier d'artistes et de rebelles... et aujourd'hui l'un des plus chers de New York, une ville kaléidoscope qui ne cesse d'inspirer l'écrivain.
"Je vais facilement prendre un quart d'heure de retard pour un rendez-vous parce que je me suis arrêté pour observer quelqu'un, quelque chose, une scène...", confie-t-il. "New York offre un spectacle de vie quasi-permanent. Il y a une telle diversité de communautés, de gens, de modes de vie. C'est comme si vous entriez chez un marchand de pinceaux et de couleurs et que tout à coup il y avait 300 variations différentes de plus. Evidemment que ça stimule votre imaginaire", poursuit l'auteur.
Passer à la machine à écrire pour ralentir le rythme
Au moment de se mettre à l'ouvrage, Marc Lévy ne se met pas toujours derrière son ordinateur : il utilise aussi sa collection de machines à écrire. "Ça c'est une Smith Corona, c'est une machine électrique", explique-t-il en nous présentant un modèle. "Elle a un bruit génial. D'abord il y a le bruit du moteur. Aujourd'hui, si vous avez un ordinateur qui fait ce bruit de ventilateur, vous allez le tuer. Mais après, quand vous tapez, je trouve ça très sensuel, très beau", développe l'écrivain.
"Je pense qu'il y a un lien entre l'outil et le rythme d'écriture, détaille-t-il. Quand je veux ralentir le rythme, si j'ai un long passage de narration, j'aime bien passer à la machine à écrire. C'est une façon agréable de sculpter la matière".
Et si le bureau de Marc Lévy est baigné de lumière, en période d'écriture, c'est la nuit qu'il y passe le plus de temps, lorsque les bruits s'estompent, même dans la ville qui ne dort jamais.