Nous n'avions pas autant vibré devant une série depuis très longtemps... Avec D'argent et de sang, réalisée par Xavier Giannoli, Canal+ frappe très fort et renoue avec l'excellence de ses créations historiques comme Le Bureau des légendes. "Ce n'est pas seulement une grande série Canal+ c'est une grande série tout court", assure fièrement Olivier Bibas, directeur de la création originale de la chaîne cryptée, en conférence de presse.
Cette fois-ci, il n'est pas question de la DGSE et du renseignement, mais de l'escroquerie du siècle, une affaire vertigineuse qui a secoué la France et l'Europe entre 2008 et 2009. Des petits voyous de Belleville et un riche trader du 16ème arrondissement de Paris s'associent pour voler de l'argent à l'Etat français. Le stratagème ? Acheter des quotas d'émission de CO2 hors taxe dans un pays étranger, avant de les revendre en France à un prix incluant la TVA, sans rendre la différence à l’Etat français. Montant du butin : 283 millions d'euros...
Cette histoire totalement dingue a évidemment déjà inspiré des réalisateurs, notamment Olivier Marchal avec son film Carbone, porté par Benoît Magimel. Mais D'argent et de sang, que nous avons pu visionner en avant-première, vaut vraiment le détour, on vous explique pourquoi...
Une réalisation hors-norme
Personne n'avait jusqu'à présent exploré les tréfonds de l'affaire et la psychologie des escrocs avec autant de précision et de complexité que Xavier Giannoli. Avec cette série de 12 épisodes, le réalisateur, césarisé en 2022 pour Illusions perdues, prouve une nouvelle fois l'étendue de son génie et son sens inégalé du rythme. Zéro temps mort, la tension dramatique est palpable à chaque dialogue, chaque plan, chaque séquence. "Je suis parti d'un mouvement", explique d'ailleurs Xavier Giannoli pendant la rencontre presse. "Je voulais déployer le potentiel romanesque de cette histoire, sentir et comprendre comment toute une époque parle à travers les personnages". Pour ce faire, le réalisateur ne s'est fixé aucune limite : "J'ai eu l'impression de faire un film", confie-t-il. Et nous, de voir du grand cinéma.
Vincent Lindon au coeur du projet
D'argent et de sang n'aurait pas la même profondeur sans Vincent Lindon, auteur d’une prestation exceptionnelle dans le rôle de Simon Weynachter, l'inspecteur des douanes qui traque les escrocs. "Vincent Lindon est au centre du projet", explique Xavier Giannoli, qui lui a taillé un rôle sur mesure après l’avoir déjà dirigé dans L'apparition, en 2017. Vincent Lindon, connu pour son engagement, contre les injustices et le réchauffement climatique, n'a jamais été aussi en phase avec son personnage. "Il y a chez lui cette recherche d'une forme de vérité, même physiquement, dans son regard", souligne Xavier Giannoli. Et on ne peut que lui donner raison... Les yeux de Lindon reflètent son indignation face à ses escrocs et sa volonté inébranlable de les coincer. Niels Schneider, son partenaire de jeu, a lui aussi senti ce bouillonnement : "Vincent, il joue sa vie sur chaque scène. Il est ultra investi, hyper intense", confie le comédien. Et le personnage de Lindon, obsédé par son enquête, nous touche en plein coeur quand il essaie de renouer avec sa fille qui a mal tourné. "Il se débat lui-même avec sa propre culpabilité. Parfois il y a des choses de la vie humaine qui vous échappent", explique Xavier Giannoli.
Une exploration des passions humaines
Comme dans son film Illusions perdues, adaptation du roman de Balzac, Xavier Giannoli offre avec D'argent et de sang une satire de la nature humaine, de ses contradictions et de ses bassesses. Le réalisateur filme les trois escrocs, incarnés par Niels Schneider, Ramzy et David David Ayala, dans des jets privés, entourés de prostituées, ou au volant de voitures de sport, montre de luxe au poignet. "La caméra aime la décadence... Mais je ne voulais pas avilir le spectateur", assure le réalisateur. A l'écran, cet hédonisme obsessionnel nous fait osciller entre fascination et mépris. "C'est totalement obscène, moi ça me dégoûtait", confie Niels Schneider dont le personnage Jérôme Attias, golden boy du 16ème arrondissement, devient totalement fou après avoir détourné des millions d'euros.
Bouli (David Ayala) et Alain Fitoussi (Ramzy) sont quant à eux dévorés par l’envie de s’extirper de la misère. "Leur revanche passe par l'argent, uniquement par l'argent. Ils sont sans foi ni loi", analyse Ramzy. Prêts à tout pour s’élever socialement, Bouli et Fitoussi vont totalement oublier le sens du bien et du mal.
La révélation Niels Schneider
Regard insolent, chevelure ébouriffée, démarche assurée... Niels Schneider crève l'écran dans le rôle de Jérôme Attias. Ce trader, beau-fils de milliardaire se transforme au fil des épisodes en un voyou violent et imprévisible. Le comédien franco-canadien impressionne lors de ses face-à-face avec l’enquêteur Lindon, mais aussi quand il sombre peu à peu dans la paranoïa. Une palette d’émotions qui permet de saisir la complexité de son personnage et les raisons de ses motivations, pas forcément évidentes... Pourquoi donc un trader ultra riche, ruinerait sa famille, son statut et sa carrière pour un peu plus d’argent ? Pourquoi Attias choisit-il de s’autodétruire ? Le goût du jeu ? L’adrénaline ? Ou l’envie de s’affranchir de son beau-père ?
Pour avoir la réponse, rendez-vous ce lundi 16 octobre sur Canal +...