Les membres de cette association n'auraient sans doute jamais imaginé retrouver ce morceau de Notre-Dame de Paris, disparu depuis 161 ans, sur le site internet d'une célèbre maison de ventes aux enchères. Cette histoire ubuesque s'est pourtant bel et bien produite. Le 12 septembre dernier, rapporte Le Parisien, l'association "Lumière sur le patrimoine" a déposé une plainte pour vol et recel de vol après avoir fait la découverte de deux vitraux, appartenant à la célèbre cathédrale parisienne, sur le site de Sotheby's.
L'un des deux vitraux, vendus aux enchères en 2015
Crédit : capture d'écran / www.sothebys.com
Ces deux œuvres, mesurant respectivement 39,5 et 42,5 centimètres de diamètre, et représentant un ange céroféraire pour le premier, et un ange thuriféraire pour le second, avaient été "remplacés lors de la rénovation de la cathédrale sous Viollet-le-Duc vers 1862", peut-on lire sur le descriptif des deux objets.
Plus d'un siècle plus tard, les vitraux ont trouvé preneur pour 123.000 et 111.000 euros. Auprès du Figaro, Philippe Machicote, président de l'association dépositaire de la plainte, a partagé son indignation. "Le combat de l'association ne pourra être efficace que si nous dénonçons les pratiques scandaleuses des maisons de vente qui, au mépris de la loi, pourtant particulièrement sévère à l'encontre des receleurs de vol, dilapident en toute impunité ce qui provient, entre autres, du domaine public", déclare-t-il.
Sotheby's assure avoir respecté "lois et règlementations"
Philippe Machicote fait notamment valoir le fait que ces deux œuvres sont "des trésors nationaux, imprescriptibles et inaliénables puisqu'ils ont été retirés d'une cathédrale qui appartenait déjà à l'État, et ce, depuis la Révolution". En clair, selon l'association, ces deux vitraux sont à ranger dans la catégorie des objets d'art dérobés. Philippe Machicote résume la situation ainsi : "Les originaux volés ont donc été vendus au 19e siècle et ont ressurgi 150 ans plus tard, noyés dans une vente courante de tableaux, sculptures et dessins anciens, orchestrée par Sotheby’s".
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Dans un courriel transmis à l'AFP, la maison de ventes aux enchères se défend et certifie avoir "respecté lois et règlementations". "Avant de proposer un bien à la vente, nous procédons à toutes les recherches, diligences et contrôles nécessaires afin de nous assurer qu'aucun obstacle juridique ne s'oppose à la vente", poursuit Sotheby's, assurant avoir obtenu "toutes les autorisations nécessaires de la part des autorités compétentes" et se disant "à la disposition des autorités pour les assister dans cette enquête". La maison indique également que les deux vitraux n'ont pas été dérobés, mais bel et bien vendus par le maître verrier Édouard Didron entre 1877 et 1905.