"Il faut que les lieux de création revivent", tout en s'adaptant aux contraintes de l'épidémie de coronavirus, "sans doute en inventant un nouveau rapport au public", a déclaré mercredi Emmanuel Macron, à l'issue d'une rencontre avec plusieurs personnalités du monde de la culture. Le chef de l'État a notamment plaidé mercredi à ce que les droits des intermittents du spectacle "soient prolongés d'une année" au-delà des six mois où leur activité aura été "impossible ou très dégradée", c'est-à-dire "jusqu'à fin aout 2021".
Tout en annonçant cette "année blanche" très attendue par un secteur culturel sinistré, le président de la République s'est dit convaincu qu'il allait "donner suffisamment confiance pour que quasiment, on n'en ait pas besoin". "On va donner, avec beaucoup de projets, les heures" qui permettront aux intermittents de "ne pas activer ces dispositifs", a-t-il déclaré après une réunion avec des artistes de divers secteurs.
Spécificité française, le régime des intermittents concerne 100.000 artistes et techniciens indemnisés chaque année, une main d'oeuvre cruciale. Pour obtenir l'assurance chômage, ils doivent avoir travaillé 507 heures sur douze mois. Or avec les annulations et l'absence de perspectives, très peu pourront cumuler les cachets nécessaires. Le sort des intermittents était une des plus importantes revendications du monde de la culture, qui se plaignait d'être le grand "oublié" des autorités dans la crise sanitaire.
Un fonds d’indemnisation et "un grand programme"
Alors que les librairies doivent rouvrir lundi, mais pas les cinémas ou les salles de spectacle, Emmanuel Macron s'est dit favorable à un fonds d'indemnisation pour les tournages annulés et dans l'incapacité de reprendre, le secteur n'étant pas assuré contre les pandémies. "On va mettre (les assureurs, les banques) devant leurs responsabilités", a déclaré le chef de l'État, visant une reprise des tournages "au cas par cas" après fin mai. C'est à cette période qu'il pourrait décider de la réouverture de nouveaux lieux culturels. Car pour l'heure, il semble difficile d’imaginer la reprise des rassemblements ou des productions avec des gestes barrières.
L'ESSENTIEL CORONAVIRUS
> Chômage partiel : la situation des parents clarifiée
> Une nouvelle maladie inflammatoire touchant les enfants liée au coronavirus ?
> A quoi ressemblera le shopping après le 11 mai ?
> Les Français devront partir en vacances près de chez eux
> Pourquoi aller chez le coiffeur coûtera plus cher après le confinement
Le chef de l'État a enfin annoncé le lancement d'un "grand programme de commandes publiques" visant notamment les "jeunes créateurs de moins de 30 ans", avec l'ambition d'"inventer une saison hors norme" et d'aller chercher les publics parfois oubliés du monde de la culture. Aucun chiffre n'a pour l'heure été annoncé mais Emmanuel Macron a demandé "à ce qu'on mette le paquet" sur le spectacle vivant ou les arts plastiques.