Retransmise en direct de la salle Pleyel, à Paris, vendredi soir, animée par Kad Merad, la cérémonie des César a vu le sacre du film de Xavier Legrand, Jusqu'à la garde. Le western de Jacques Audiard, Les Frères Sisters, a également su tirer son épingle du jeu avec plusieurs prix techniques et la récompense du meilleur réalisateur. En revanche, l'autre grand favori sur la ligne de départ, Le Grand Bain, a dû se contenter du prix du meilleur acteur dans un second rôle pour Philippe Katerine.
Jusqu'à la garde au sommet
Issu d'un court-métrage, Avant que de tout perdre, qui avait déjà été césarisé en 2014, Jusqu'à la garde, de Xavier Legrand, a fait un carton plein vendredi. Avec dix nominations, celui qui partait favori a notamment arraché la victoire dans la catégorie meilleur film. Léa Drucker, qui reprenait le rôle de femme victime de violences conjugales qu'elle interprétait déjà dans le court-métrage, a remporté le César de la meilleure actrice. Elle a dédié son prix à "toutes ces Miriam Besson" [du nom de son personnage], saluant "toutes les féministes, celles qui agissent, écrivent, prennent la parole". "Elles m'ont permise en m'éveillant d'être la femme que je suis aujourd'hui."
Plus tôt dans la soirée, Jusqu'à la garde avait remporté les prix du meilleur montage et du meilleur scénario original pour Xavier Legrand. Le réalisateur en avait profité pour rappeler l'importance de la lutte contre les violences faites aux femmes. "Il serait temps de penser aux victimes un autre jour que le 25 novembre", avait-il déclaré.
Les Frères Sisters tire son épingle du jeu
Pour la troisième fois de sa carrière, Jacques Audiard a remporté le César du meilleur réalisateur pour son western Les Frères Sisters. Le film est également reparti avec de nombreuses récompenses techniques : meilleurs décors, meilleur son et meilleure photo. C'est la première incursion d'Audiard aux États-Unis, avec un casting entièrement américain notamment composé de John C. Reilly, Jake Gyllenhaal et Joaquin Phoenix.
Alex Lutz meilleur acteur
Alex Lutz est reparti avec le César du meilleur acteur pour son rôle dans Guy, qu'il a également réalisé. C'est la deuxième fois que cette configuration se présente aux César, après Guillaume Gallienne dans Guillaume et les garçons, à table. Dans Guy, Alex Lutz interprète un chanteur sur le retour, suivi par un documentariste persuadé d'être son fils caché. "J'ai une idée : ce serait un mec et il serait vieux", a résumé l'acteur-réalisateur en recevant son César.
Philippe Katerine porte Le Grand Bain
"C'est n'importe quoi. Bon... Ok." Son discours était un peu à l'image de son personnage, perché et attachant. Philippe Katerine a reçu le César du meilleur acteur dans un second rôle pour Le Grand Bain. Il y incarne Thierry, un employé de la piscine municipale timide, toujours à la recherche de sucreries et de sa place dans la société. "Je me suis un peu reconnu en toi et j'espère que tu t'es reconnu en moi", a déclaré l'acteur à l'adresse de son personnage et, plus largement, de "tous les Thierry".
Ce fut la seule récompense du Grand Bain, de Gilles Lellouche, qui détenait pourtant le record de nominations (dix) ex-aequo avec Jusqu'à la garde.
Karin Viard meilleure actrice dans un second rôle
Karine Viard a remporté le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Les Chatouilles. Elle y interprète, avec beaucoup de justesse, la mère du personnage principal, abusée dans son enfance sans qu'elle s'en rende compte et qui "la condamne une seconde fois" en refusant de la croire et de la soutenir lorsque celle-ci lui en parle des années plus tard. "Je voulais absolument jouer ce rôle pour le dénoncer à ma façon", a déclaré l'actrice. C'était la seconde récompense pour Les Chatouilles après le prix de la meilleure adaptation, remis à Andréa Bescond et Eric Métayer, qui ont transformé une pièce de théâtre en scénario, réussissant habilement à puiser dans leur matière première pour enrichir le septième art.
Le César du public pour les Tuche 3
C'était le seul prix dont le vainqueur était connu d'avance. Le César du public, attribué au film qui a fait le plus d'entrées en salles, a été attribué aux Tuche 3, d'Olivier Baroux. Celui-ci a frôlé la barre des 6 millions de spectateurs. Fort de cette lancée, le réalisateur a annoncé la sortie d'un quatrième volet des Tuche, dont le tournage doit commencer rapidement.
Carton plein pour Shéhérazade
"Je lui souhaite d'inventer les contours d'un monde nouveau qui lui ressemble", a déclaré l'actrice Audrey Fleurot, qui venait remettre le prix. À 17 ans, Kenza Fortas a remporté le César du meilleur espoir féminin pour son rôle dans Shéhérazade. C'est la toute première apparition à l'écran de la jeune fille, castée dans les rues marseillaises après six mois de recherches. Kenza Fortas, qui a vécu en foyer et quitté l'école à 16 ans, a notamment dédié sa récompense à sa mère. Dylan Robert, qui lui donne la réplique dans le film et est lui aussi un comédien non professionnel, a remporté le César du meilleur espoir masculin. Quelques minutes plus tard, c'est le réalisateur, Jean-Bernard Marlin, qui a été récompensé dans la catégorie meilleur premier film. Très ému, il a lui aussi remercié sa mère.
Retrouvez le palmarès complet :
Meilleur film : Jusqu'à la garde, de Xavier Legrand
Meilleure actrice : Léa Drucker dans Jusqu'à la garde
Meilleur acteur : Alex Lutz dans Guy
Meilleur réalisateur : Jacques Audiard pour Les Frères Sisters
Meilleur film étranger : Une affaire de famille, de Hirokazu Kore-eda
Meilleure musique originale : Vincent Blanchard et Romain Greffe pour Guy
Meilleur acteur dans un second rôle : Philippe Katerine dans Le Grand Bain
Meilleure actrice dans un second rôle : Karin Viard dans Les Chatouilles
Meilleur court-métrage : Les petites mains, de Rémi Allier
Meilleur scénario original : Xavier Legrand pour Jusqu'à la garde
Meilleurs décors : Michel Barthélémy pour Les Frères Sisters
Meilleurs costumes : Jean-Pierre Larroque pour Mademoiselle de Joncquières
Le César du public : Les Tuche 3
Meilleur film d'animation : Dilili à Paris de Michel Ocelot
Meilleur court-métrage d'animation : Vilaine Fille, d'Ayce Kartal
Meilleure adaptation : Andréa Bescond et Eric Métayer pour Les Chatouilles
Meilleur premier film : Shéhérazade, de Jean-Bernard Marlin
Meilleur documentaire : Ni juge, ni soumise de Jean Libon et Yves Hinant
Meilleur son : Brigitte Taillandier, Valérie de Loof et Cyril Holtz pour Les Frères Sisters
Meilleur montage : Yorgos Lamprinos pour Jusqu'à la garde
Meilleur espoir masculin : Dylan Robert dans Shéhérazade
Meilleure photo : Benoît Debie pour Les Frères Sisters
Meilleur espoir féminin : Kenza Fortas dans Shéhérazade