Pierre Troisgros : "Avec Paul Bocuse, c'était l'amitié sincère et fidèle"

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T.M. , modifié à
À la veille des obsèques de Paul Bocuse, le chef Pierre Troisgros a rendu jeudi, en exclusivité sur Europe 1, un hommage poignant à son ami de 70 ans.  
INTERVIEW

Quelque 900 chefs du monde entier sont attendus vendredi aux obsèques de Paul Bocuse, mort samedi dernier à l'âge de 91 ans. Parmi eux, Pierre Troisgros. Ancien patron de la maison Troisgros à Roanne, ce grand chef était très proche du "pape" de la gastronomie française, comme il était surnommé. "Avec Paul, c'était l'amitié sincère et fidèle", raconte-t-il jeudi dans Europe Soir.

70 ans d'amitié. "On peut parler de 70 ans d'amitié. On s'est connu à Paris au hasard de notre profession de cuisinier, de commis même, chez Lucas Carton", raconte-t-il. Après, Paul m'a fait rentrer chez Fernand Point, et nos chemins ont ensuite été parallèles : ses parents avaient un restaurant de friture sur les bords de Saône et moi, avec mon frère Jean, j'ai repris le café de la gare de nos parents".

Quand les deux hommes faisaient les 400 coups. À Paris, les deux jeunes hommes commettent les 400 coups. Quand ils ne lâchent pas des moineaux en cuisine, ils vont chercher des crânes dans les catacombes pour allonger la sauce espagnole… "On avait des petites payes et évidemment, les après-midi ou les nuits, il fallait trouver des petites blagues qui meublaient notre ordinaire et nous amusaient beaucoup", se souvient Pierre Troisgros, 91 ans aujourd'hui.

Entendu sur europe1 :
À l'enterrement, je compte bien jouer la carte de l'humour, parce que Paul était comme ça

"Il avait beaucoup d'ambition". Entre les deux chefs, la réalité n'est pas à la compétition, bien que, selon Pierre Troisgros, "les médias auraient aimé ça". Au lieu de cela, Paul Bocuse aide son ami à se lancer et à se faire connaître des juges. "Il m'a appris beaucoup de choses : à se servir magistralement de tout ce qui peut être médiatique, mais aussi bien sûr, malgré cet air qu'on lui donne, à avoir cette rigueur en cuisine, ce besoin de perfection. Il avait beaucoup d'ambition". Et s'il ne devait retenir qu'un seul plat, Pierre Troisgros hésite, mais choisit la volaille : "tout le monde était admiratif de sa poularde en vessie". 

L'humour plutôt que les larmes. Avec Marc Haeberlin, Pierre Troisgros sera l'un des deux chefs qui prendra la parole au cours de l’office vendredi, à la cathédrale Saint-Jean de Lyon. Et il prévient : "je compte bien jouer la carte de l'humour, parce que Paul était comme ça. On ne veut pas jouer la carte des pleureurs ni des tristes".