La magie l'a propulsé "sur les scènes de France et de Navarre et les plateaux de télévision" depuis 12 ans. "Avant d'écrire un nouveau" spectacle, Eric Antoine avait envie de proposer "un florilège" de tout ce qu'il a pu faire jusqu'aujourd'hui. Motivé par l'envie de remonter sur les planches, il a concocté un nouveau spectacle qui sera donc un "best of comme disent les Anglo-saxons".
"On devient une centrale nucléaire sur scène." "La scène me manque terriblement", confie-t-il au micro d'Isabelle Morizet dans Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, sur Europe 1 : "Il y a vraiment cette intensité de vie quand on est sur scène. On devient une centrale nucléaire sur scène. Ça va très loin. Ça nous met au défi continuellement, aussi bien physiquement qu'intellectuellement et qu'émotionnellement. Il n'y a que des grands moments de la vie qui font ça. (...) Vivre cette intensité, c'est quand même extrêmement jouissif."
La magie, "c'est la même aventure qu'avec la lecture". Eric Antoine est donc finalement tombé dans la magie même si, au départ, il a estimé que c'était "une arnaque monstrueuse" : "C'est un petit peu la même aventure qu'avec la lecture. On nous dit 'apprends à lire' le jour où on ne nous raconte plus d'histoires. La magie, c'est la même chose. On ouvre une boîte de magie et on se rend compte que tout est truqué. C'est une arnaque monstrueuse ! C'est l'arrêt aux rêves, l'arrêt aux fantasmes. C'est un vrai travail de retrouver justement la magie, dans l'artificiel."
"L'appel de la scène était plus fort" que les études. Avant de devenir un magicien reconnu, Eric Antoine avait pourtant entamé des études en fac de psychologie. Mais "l'appel de la scène était plus fort". Et c'est justement sa mère, psychothérapeute, qui lui a inculqué l'art de l'interprétation et de la transformation : "Souvent, j'avais l'oreille collée à sa porte. (...) J'écoutais la manière dont les gens lui racontaient leurs histoires et j'écoutais la manière dont une histoire, au travers de l'oreille de ma mère psy, se transformait petit à petit et passait d'une souffrance à une expérience puis d'une expérience à une leçon de vie et d'une leçon de vie à une force et de cette force, à une joie. (...) J'essaye toujours de retranscrire ce parcours."
La magie, "c'est vraiment un jeu d'investigation". Contrairement à la psychologie, pour la magie, "il n'y a pas d'école". "Les magiciens, nous sommes des techniciens avant tout. Nous sommes tout le temps en train de chercher la solution. Nous sommes aussi des enquêteurs. Il n'y a pas d'école donc on apprend souvent par observation. On observe nos maîtres, nos pairs, et puis on essaye de deviner comment ils ont fait. C'est vraiment un jeu d'investigation." Et parmi les modèles dans le domaine, il y a David Copperfield : "Cet homme est de très, très loin l'esprit le plus brillant de la magie depuis plus d'un siècle. Il est toujours le premier à lancer une mode."
"On manque de féminité dans cet art." La référence du milieu est donc un homme, car la magie est très majoritairement masculine. "C'est un drame", regrette Alex Antoine. "Je pense que c'est parce que les mecs sont des ringards. Ça fait partie du côté un petit peu naze des garçons quand ils sont adolescents, les petits gadgets, les petits trucs, les petits machins qui sont au démarrage de la magie et les femmes sont déjà ailleurs. (...) C'est aussi par complexe d'infériorité à la magie féminine qu'il fallait que les hommes trouvent des trucs pour essayer de compenser", lâche-t-il en riant.
Et pourtant, "souvent, les magiciennes ont des carrières magnifiques" : "Comme elles sont rares, on a vraiment besoin d'elles. On manque de féminité dans cet art." "C'est quand même un milieu où il y a peu de couleur aussi. Il n'y a quasiment que des blancs. C'est un peu tristoune ce manque de plurisexualité, pluricolorité dans la magie", décrit-il par ailleurs. Eric Antoine milite donc pour plus de pluralité dans la magie.