Près de 200 films ainsi que des pièces de théâtre parsèment la vie de Gérard Depardieu, acteur multi-talents. Il vient aussi de triompher au Cirque d'hiver en réinterprétant l'univers de la chanteuse Barbara, qui était l'une de ses amies. C'est lors de la préparation de ce spectacle, dont on peut retrouver la saveur dans un live sorti le mois dernier, que le géant du cinéma français a donné rendez-vous à Nikos chez lui, dans le 6ème arrondissement de Paris pour une balade parisienne pleine d'émotions.
"Je n'ai pas pu l'écouter pendant 20 ans". Gérard Depardieu accueille torse nu. Son antre est remplie de livres, de théologie surtout. "Il n'y a pas de télé, enfin il y en a une là-bas mais elle a presque brûlé parce qu'elle est au-dessus du four", décrit-il, d'une voix douce. Autour de lui, on trouve encore une statue de Saint-Augustin, une grande table à peine éclairée. Puis il évoque Barbara. "On pouvait rester quatre, cinq, six mois sans se voir et c'était comme si on s'était quittés la veille." Après sa mort, "je n'ai pas pu l'écouter pendant 20 ans", ajoute-t-il. Mais il a fini par se lancer dans le projet de chant avec Gérard Daguerre, le pianiste de Barbara. Il a d'abord repris une chanson, puis plus tard, ils ont créé ce spectacle qu'il a repris au Cirque d'hiver le mois dernier.
"Ce n'est pas mon métier". "Je me suis dit que c'était quand même beau, qu'il ne fallait pas priver les gens de l'histoire que j'avais avec Barbara. C'est là où je l'ai retrouvée, en étant dans ses silences et dans ses mots. Je me suis pris au jeu, mais ce n'est pas mon métier", précise-t-il. "Je le fais parce que je tiens à ce qu'elle soit vivante, elle est vivante en moi. Pour moi, il n'y a pas de morts, tous ceux qui sont passés par l'autre porte sont avec moi constamment."
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— Claire Dutronc (@ClaireDutronc) 10 décembre 2017
"Ce qui m'appartient, c'est d'être vivant". La mort, il n'en a donc pas peur, c'est un fait normal comme il l'évoque dans son livre, Monstre. "Heureusement d'ailleurs, parce que l'éternité ça serait chiant", glisse-t-il reprenant tout à coup son franc-parler entre deux émotions. Lui ne s'enorgueillit pas de ses rôles, de son vécu, de son mythe. Il considère que rien de tout ça ne lui appartient : "Rien ! Je ne crois pas à la propriété, je crois au temps qui passe et à la vie. Ce qui m'appartient, c'est d'être vivant."
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"Le silence donne le la". Puis il est temps de se rendre au Cirque d'Hiver pour les répétitions. L'acteur s'y rend en scooter. Coutumier du trajet, celui qui ne peut rester en place a semé les équipes d'Europe 1 avant d'être rejoint à destination. Dans le chapiteau trône un lustre bariolé. "De cette piste-là, on n'entend pas du tout les gens quand ils ont des réactions", commente Gérard Depardieu. "C'est peut-être pas plus mal finalement, c'est peut-être pour ne pas affoler les animaux. On est bien là, sur cette piste ronde, c'est un peu comme des théâtres à l'ancienne, grecs", dit-il. Il sait toujours quand commencer : "On lance les choses quand le silence est juste. Quand tu fais chier (les autres), il y a des gens qui bougent dans leur siège. Quand il n'y a plus rien qui se passe, c'est ce silence-là qui nous donne le la."
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"Part de féminité". Quand il reprend Barbara, il ne ressent pas de tristesse. "En moi, j'éprouve une forte envie de vivre et de revivre et d'être avec elle. Il n'y a rien de triste, même quand elle chante Sid'Amour à mort." Gérard Depardieu n'hésite pas non plus à faire une intro avant chaque chanson, en parlant au féminin. "On a tous une part de féminité. Un jour, j'ai lancé 'Deneuve, c'est l'homme que j'aurais aimé être'. Des hommes qui ne laissent pas échapper leur part de féminité, c'est un peu triste. Parce qu'il n'y a rien de plus beau qu'un homme qui écoute véritablement les femmes sans faire parler le cochon qui est en eux."