L'architecte sino-américain Ieoh Ming Pei, concepteur de nombreux édifices marquants, de la pyramide du Louvre à la Banque de Chine à Hong Kong, est mort à 102 ans, a-t-on confirmé jeudi auprès du cabinet d'architectes new-yorkais de ses fils, Pei Partnership Architects.
Un certaine idée de la modernité et du classicisme
Le cabinet a indiqué que le célèbre architecte était mort à New York, sans autre détail. Le New York Times, citant son fils Chien Chung Pei, a précisé qu'il était décédé tôt jeudi matin. Lauréat du Prix Pritzker en 1983, considéré comme le Nobel de l'architecture, Ieoh Ming Pei avait imposé une certaine idée de la modernité et du classicisme dans des projets audacieux tels que celui du réaménagement du grand musée parisien.
"Les architectes contemporains tendent à imposer la modernité aux choses. Il y a un peu de préoccupation pour l'histoire, mais elle n'est pas très profonde", déclarait-il dans une interview au New York Times en 2008. "Je comprends que les choses ont changé, qu'on a évolué. Mais je ne veux pas oublier le début (...) Une architecture qui dure doit avoir des racines".
Diplômé d'Harvard, il crée son agence en 1955
Né le 26 avril 1917 à Canton dans une vieille famille originaire de Suzhou, "la Venise de l'Orient", près de Shanghaï, Ieoh Ming Pei part en 1935 aux États-Unis où il obtiendra un diplôme du MIT (Massachusetts Institute of Technology), puis un diplôme de design à l'université de Harvard (1948) où il fut l'élève de Walter Gropius, fondateur du Bauhaus et l'un des théoriciens du style international.
Naturalisé américain en 1954, il est successivement professeur assistant à Harvard (1945-1948), puis directeur d'architecture dans le cabinet Webb and Knapp (1948-1955), avant de créer sa propre agence (I.M. Pei et associés) en 1955.
Des projets audacieux
La construction du Mile High Center, à Denver, Colorado, (1956) est la première grande commande d'une longue série : Centre National de recherches atmosphériques à Boulder, Colorado, (1967), Tour John Hancock, Boston (1973).
Au cours des années soixante-dix, son cabinet connaît un succès croissant aux Etats-Unis et à travers le monde: Hôtel de Ville de Dallas, Texas, (1978), Bibliothèque J.F. Kennedy, Boston (1982), Hôtel Xiangshan, Pékin, (1983), Centre des congrès et des expositions, New-York, (1985), National Gallery of Art, Washington, la Banque de Chine, Hong Kong (1989).
En 1983, le président François Mitterrand fait appel à cet architecte, alors relativement peu connu en France, pour repenser le Grand Louvre. Son projet audacieux, qui déchaînera de violentes passions, verra finalement le jour en 1988.
L'architecte a aussi laissé sa marque à Berlin en construisant une annexe au musée historique allemand - inaugurée en 2003 - et à Doha (Qatar) où il a conçu le musée d'art islamique.
Ieoh Ming Pei s'est vu attribuer les prix les plus prestigieux. Outre le Pritzker, il a reçu la Médaille d'or de l'Institut américain d'architecture (1979), et la Grande médaille d'or de l'Académie française d'architecture (1981).
Deux présidents l'ont honoré : George H.W. Bush lui a remis la médaille présidentielle de la Liberté (1992), la plus haute distinction civile, et François Mitterrand les insignes d'officier de la Légion d'honneur (1993).