Le nouvel album de Jane Birkin, Oh! Pardon tu dormais... est l'adaptation de son film éponyme sorti en 1992. Mais pas seulement. La chanteuse a glissé d'autres thèmes intimes dans cet album co-écrit avec Etienne Daho. Elle y parle notamment pour la première fois de sa fille Kate Barry, photographe décédée en 2013. Invitée de Musique!, Jane Birkin raconte avec pudeur pourquoi elle a maintenant écrit des chansons sur cet épisode de sa vie.
La chanson qui parle de Kate Barry de la manière la plus évidente est Cigarettes. Jane Birkin a écrit le texte, qui lui est venu à cause d'un détail, comme une fulgurance. "Il y a toujours un déclencheur inattendu", explique-t-elle. "J'ai vu un petit nécessaire de manucure pour les ongles dans une pharmacie à Lyon. D'un coup, je me suis souvenu de ses pieds d'albâtre, de comment elle les soignait. Elle avait les pieds les plus jolis du monde."
Jane Birkin court alors dans sa chambre d'hôtel et écrit le texte de cette chanson au dos de son agenda. C'était en 2017, pendant la tournée de "Gainsbourg symphonique".
"Etienne Daho a su mettre ces mots-là en musique"
Mais la chanteuse révèle que deux autres titres de son dernier album parlent de son premier enfant. C'est le cas de Ces murs épais, qui évoque un cimetière. "Si vous y restez trop longtemps, l'imagination se met en marche. Alors je fais comme un voleur : je mets les fleurs, et puis je me barre", explique-t-elle.
Un sentiment qu'a tout de suite compris Etienne Daho, avec lequel Jane Birkin a co-écrit et co-composé cet album. "Etienne a su comment mettre ces mots-là sur une musique inattendue. Un peu comme les comédies musicales allemandes de Kurt Weill", compare-t-elle. "C'est tellement surprenant. C'était peut être la seule manière de le faire."
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Après avoir précisé que le titre Catch me if you can évoque également Kate Barry, la chanteuse explique qu'il était temps pour elle d'aborder son décès en musique. "Ça fait sept ans que je n'ai pas parlé d'elle", rappelle-t-elle. Elle compare ces trois chansons à celles qu'elle a pu faire sur des histoires d'amour "parfois houleuses". Pour elle "ce n'est quand même rien de tout, en comparaison à la mort de ma fille et à cette impression qu'il vous manque pour toujours des morceaux de vous-même".
"J'ai eu la chance d'avoir eu du rab de Kate"
Pourtant Jane Birkin semble tenir bon face à ce drame. Elle se réjouit d'avoir d'autres enfants et se console d'avoir perdu sa fille quand elle avait 47 ans. "Mon frère a perdu son fils à 19 ans. J'estime ma chance d'avoir connu Kate plus longtemps, d'avoir vu non seulement ses photos, mais aussi le centre qu'elle a créé pour les narcotiques et les alcooliques", explique-t-elle, avant de se souvenir à quel point sa fille était drôle.
"J'ai quand même eu énormément de chance d'avoir eu du rab'", ajoute-t-elle. Jane Birkin pense surtout à la peine des autres membres de sa famille, ses filles Charlotte Gainsbourg et Lou Doillon, et son petit-fils Roman de Kermadec, le fils de Kate Berry. "Nous sommes juste très reconnaissants envers les amis qui ont su être là et nous traiter avec une telle délicatesse", conclut-elle. "Ça, c'est une chance folle."