Après nous avoir fait vibrer avec D'argent et de sang, excellente série de Xavier Giannoli sur l'arnaque à la taxe carbone, Canal+ diffuse dès ce lundi soir une nouvelle création originale de haute volée : La Fièvre, une série en six épisodes imaginée par Eric Benzekri, le créateur de Baron Noir. Vaut-elle le détour ? Oui, et c'est même une vraie claque.
Que raconte La Fièvre ?
La Fièvre explore en effet avec une grande justesse les failles profondes de notre société. Une société dans laquelle un tout petit mot, un coup de sang relayé sur les réseaux sociaux peuvent mener à l'embrasement. Ici, tout bascule le soir des Trophées du foot, quand Fodé Thiam, la star du Racing, donne violent coup de tête à son entraîneur et le traite de "sale toubab", qui signifie "blanc" en wolof, la langue parlée au Sénégal. La vidéo fait le tour des réseaux sociaux, les médias s'emparent du sujet. L'emballement commence... François Marens, le président du Racing interprété par Benjamin Biolay, est totalement dépassé par les évènements.
Comment gérer cette crise ? Doit-il protéger son joueur ? Ou le forcer à présenter des excuses publiques ? François Marens fait appel à des experts en communication de crise. Parmi eux : Sam Berger (Nina Meurisse), une trentenaire hyper talentueuse et extrêmement sensible, qui sent dès le début que ce scandale pourra faire sombrer la France dans chaos. Notamment à cause de Marie Kinsky (Ana Girardot), une influenceuse réactionnaire qui instrumentalise cette affaire dans ses spectacles de stand-up.
Pourquoi cette série vaut-elle le coup d'œil ?
Tout d'abord parce que vous n'allez pas voir le temps passer devant La Fièvre : les six épisodes se dévorent comme un bon thriller, la tension ne retombe jamais, le suspense nous tient en haleine du début à la fin. Outre son rythme, La Fièvre se démarque par la qualité de ses dialogues, pédagogiques et crédibles. Les longues tirades de Nina Meurisse, qui a dû apprendre 250 pages de texte, permettent de saisir les ressorts de la communication de crise, de comprendre comment l'opinion publique peut être facilement manipulée.
On retient notamment le principe de "la fenêtre d’Overton", qui rend acceptable des idées jusqu'à présent jugées extrêmes ou radicales. Enfin, la série vaut évidemment le détour pour ses deux actrices principales : Nina Meurisse est impeccable dans son rôle de femme surdouée à la dérive, et Ana Girardot nous fait froid dans le dos dans la peau de Marie, une manipulatrice séduisante et provocante. Foncez, vous ne serez pas déçus !