C'est une Une qui est loin de faire l'unanimité. Les Inrocks de cette semaine consacrent un dossier à Bertrant Cantat, ex-leader très médiatique de Noir Désir et condamné à huit ans de prison pour avoir tué sa compagne Marie Trintignant en 2003. Le chanteur fait la promotion dans Les Inrocks de son premier disque solo à paraître en décembre Amor Fati, et revient également sur le meurtre de l'actrice.
La secrétaire d'État réagit. Marlène Schiappa, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, a fustigé mercredi cette Une : "et au nom de quoi devons-nous supporter la promo de celui qui a assassiné Marie Trintignant à coups de poings ? Ne rien laisser passer", a-t-elle ainsi réagi sur son compte Twitter.
Et au nom de quoi devons-nous supporter la promo de celui qui a assassiné Marie Trintignant à coups de poings ?
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 11 octobre 2017
Ne rien laisser passer. https://t.co/t2ijVBeZfX
Orelsan associé à la Une. Laurence Rossignol, ministre des Familles de l'Enfance et des Droits des femmes entre février 2016 et mai 2017, s'est également offusquée : "Réunir sur une même couverture Cantat et Orelsan qui chante 'Je vais te marie-trintigner', il fallait oser. Honte à ce magazine", a-t-elle tweeté. L'artiste de 53 ans pose en Une de l'hebdomadaire culturel qui titre "Cantat en son nom". Un CD d'une compilation intitulée "la bande-son de l'automne" est plaqué sur la couverture avec le nom d'Orelsan dessus. Le rappeur français avait inventé et prononcé cette formule dans son titre Saint-Valentin en 2009. Jugé trois fois pour provocation à la violence envers les femmes, il avait été relaxé au bénéfice de la "liberté d'expression" l'an passé.
Réunir sur une même couverture Cantat et Orelsan qui chante "je vais te marie-trintigner", il fallait oser. Honte à ce magazine. https://t.co/rLHetgkf0A
— laurence rossignol (@laurossignol) 11 octobre 2017
Florilège de critiques sur Twitter. De nombreuses autres personnalités et anonymes ont vivement critiqué la Une des Inrocks, comme l'acteur-réalisateur Mathieu Kassovitz sur Twitter.
@lesinrocks vachement rock and roll votre couv. C’est pas le fdp qui a tué la fille de mon ami avec ses poings ? J’adore votre côté #provocpic.twitter.com/NBBrES47Nz
— mathieu Kassovitz (@kassovitz1) 11 octobre 2017
En 2016 #LesInrocks étaient #Meklat. En 2017, ils sont #Cantat. Classe, c'est sans doute trop demander. Essayez digne, ce serait déjà ça. pic.twitter.com/70Hu0f3Pza
— Gilles CLAVREUL (@GillesClavreul) 10 octobre 2017
Je me suis permis de replacer le numéro des #inrocks#Cantat de cette semaine dans le rayon approprié de mon supermarché pic.twitter.com/QtQs9x6rot
— Benoit Ciron (@BenoitCiron) 11 octobre 2017
Pour sa nouvelle formule, @lesinrocks choisit de mettre un meurtrier en une. Toutes mes pensées à Marie et Kristina. #Cantatpic.twitter.com/FX2U48LEhC
— Yael Mellul (@YaelMellul) 10 octobre 2017
Quand tu as tué une femme, la loi t'envoie 10, 15 ou 20 ans en prison.
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) 11 octobre 2017
La décence par contre exige que tu fasses profil bas à jamais#Cantat
Et les victimes, on les met quand en couverture de magazine ? #inrocks#cantat@CausetteLeMag@osezlefeminismepic.twitter.com/GlMWcnNDNY
— Muriel Douru (@MurielDouru) 11 octobre 2017
Libre depuis 2007. Chaque réapparition artistique et médiatique de Bertrand Cantat suscite des réactions véhémentes sur les réseaux sociaux depuis le drame de Vilnius à l'été 2003. Sa compagne d'alors, l'actrice Marie Trintignant, avait succombé à ses coups après une violente dispute. Bertrand Cantat avait été condamné à huit ans de prison pour homicide. Il en a purgé quatre, dont un en Lituanie, avant de bénéficier d'une libération conditionnelle en 2007. Depuis juillet 2011, son contrôle judiciaire a pris fin.