L'épouse du blogueur saoudien Raef Badaoui, détenu pour "insulte" envers l'islam, a reçu en son nom le prix Sakharov, mercredi, au Parlement européen, à Strasbourg.
Raef Badaoui, "une voix libre". Très applaudie par des députés debout, la femme du blogueur, Ensaf Haidar, a souligné que son mari n'était "pas un criminel, pas un violeur", mais "une voix libre dans le pays de la pensée unique", alors qu'elle-même est réfugiée au Canada. Avant la remise du prix, le président du Parlement européen Martin Schulz a demandé "à nouveau au roi Salmane de gracier Raef Badaoui et de le libérer sans aucune condition et immédiatement". "J'aurais aimé que mon mari reçoive ce prix lui-même", a assuré Ensaf Haidar, alors que le prix était déposé sur une chaise vide.
"La société saoudienne sous le joug d'un régime théocratique". "Dans nos pays, une pensée libre et éclairée est considérée comme du blasphème, c'est l'idéologie de certaines sociétés arabes", a regretté Ensaf Haidar, appelant les Etats arabes à s'ouvrir à la pensée de l'autre. Selon elle, "la société saoudienne vit sous le joug d'un régime théocratique, qui ne demande aux gens que d'être des béni-oui-oui". L'épouse du lauréat a également dit craindre "un exode des cerveaux arabes qui iront chercher un air plus frais ailleurs".
Badaoui emprisonné depuis 2012. Le prix Sakharov avait été décerné le 29 octobre dernier à Raef Badaoui, emprisonné depuis 2012 dans son pays. Le blogueur avait été condamné fin 2014 à dix ans de prison et à 50 coups de fouet par semaine pendant 20 semaines. La justice saoudienne, qui a ordonné la fermeture de son site Internet, lui reproche d'y avoir publié des écrits critiquant la police religieuse de son pays et d'y avoir appelé à la fin de l'influence de la religion sur la vie publique dans ce royaume ultra-conservateur.