Le dragon sacré Shenron, personnage célèbre du manga Dragon Ball, a pris ses quartiers sur la plage de Réville, dans la Manche. Ce subterfuge est le fruit de deux graffeurs normands qui ont revisité un blockhaus datant de la seconde guerre mondiale.
"Quand je suis tombé sur le blockhaus, je me suis tout de suite dit qu'il ressemblait à la tête d'un reptile, ça collait tout à fait avec le personnage du dragon Shenron qui a bercé ma jeunesse", raconte Blesea, qui -avec son ami Baby K- a recouvert la fortification. Après deux jours, à coups de bombes de peinture, le résultat est spectaculaire: l'oeil rouge ardent et les écailles vertes du dragon ont pris possession de ce vestige de l'histoire. Selon la marée, sa gueule crache de l'eau. "Dragon Ball a marqué une génération, celle du 'Club Dorothée'", explique l'artiste de 32 ans. "Au-delà de la peinture, c'est un lien affectif que j'ai voulu recréer, même aujourd'hui les jeunes regardent le manga" créé par le Japonais Akira Toriyama.
De nombreux clichés sur les réseaux sociaux. Depuis le début de la semaine, de nombreux amateurs de street art et autant de curieux ont fait le déplacement à Réville, petite commune de 1.200 habitants. "Des clichés ont circulé sur les réseaux sociaux et sur ma page Facebook (@bleseagraffiti). Même à l'étranger on nous demande où on peut voir le blockhaus", se réjouit le graffeur. Un coup de pub pour la commune, dont le maire "a salué l'oeuvre à la radio", confie même le street artist. Blesea et son ami ne sont pas à leur premier coup d'essai, un sphinx orne ainsi un bunker à Biville, dans la Manche, et Dark Vador, personnage de Star Wars est visible à Urville-Nacqueville, dans la Manche.
"Un terrain de jeu pour les graffeurs". "Les plages de Normandie regorgent de blockhaus à l'abandon. C'est un terrain de jeu pour les graffeurs. On se sert des formes atypiques laissées par le temps pour faire des créations", explique le jeune homme. Conscient de la teneur historique de certaines de ces constructions, Blesea assure "ne pas toucher aux blockhaus protégés comme ceux à Utah Beach ou Omaha Beach". Pour l'artiste, "c'est aussi un prétexte pour faire parler de l'histoire".