L'homme qui tua Don Quichotte, de l'ex-Monty Python Terry Gilliam, au cœur d'un imbroglio juridique, pourra bien être projeté en clôture du Festival de Cannes le 19 mai, a annoncé mercredi le délégué général du festival Thierry Frémaux.
Le Festival de Cannes brise le sortilège. L'HOMME QUI TUA DON QUICHOTTE entre dans l'Histoire du Cinéma. Dans toutes les salles le 19 mai 2018. #DonQuichotte#FreeDonQuichotte#QuixoteVivepic.twitter.com/EgQ7Bw7sRL
— Océan Films (@OceanFilmsFR) 9 mai 2018
Le producteur réclamait son interdiction. La justice française avait été saisie en référé par le producteur portugais Paulo Branco qui, estimant avoir les droits sur ce film avec sa société Alfama Films, réclamait une interdiction de cette projection. Océan Films, distributeur du film en France, a confirmé que cette projection pourrait bien avoir lieu à Cannes.
Victime d'un malaise le week-end passé à Londres, où il vit, Gilliam a été hospitalisé avant de finalement rentrer chez lui dimanche soir, selon son entourage. Nul ne sait s'il sera rétabli d'ici dix jours pour être présent au grand rendez-vous. Mais sur Twitter, il a assuré être rétabli. "Nous sommes légalement victorieux", s'est-il félicité mercredi.
After days of rest and prayers to the gods I am restored and well again. So is The Man Who Killed Don Quixote! We are legally victorious! We will go to the ball, dressed as the closing film at Festival de Cannes! May 19. Thanks for all your support. #QuixoteVive
— Terry Gilliam (@TerryGilliam) 9 mai 2018
Un avertissement projeté avant la séance. Paulo Branco, présent à Cannes, a pour sa part affirmé lors d'une conférence de presse que cette décision lui donnait malgré tout raison sur le fond : "le film peut être projeté mais le festival doit informer tout le monde que cela n'infirme en rien les décisions judiciaires précédentes d'octroyer les droits à Alfama". "Il s'agit donc d'une autorisation exceptionnelle", a-t-il estimé, qualifiant ce jugement de "victoire".
"Cette projection constitue un trouble manifestement illicite mais ce trouble sera suffisamment réparé pour l'instant" par l'annonce que devra faire le festival avant celle-ci, a ajouté l'avocate du producteur portugais, qui a lu aux journalistes les motivations du jugement via le téléphone portable de Paulo Branco.
Le jugement indique que le Festival devra "diffuser à ses frais" avant la projection un "avertissement à l'attention du public, sous forme écrite projetée sur l'écran avant le début du film". Avertissement devant comporter ce message : "La projection du film The man who killed Don Quixote lors de cette séance de clôture du festival International du film ne préjuge en rien des droits revendiqués" par Alfama, "qui font l'objet de procédures judiciaires en cours".
Une décision en appel attendue le 15 juin. Le tribunal de grande instance de Paris avait été saisi en référé, en urgence, par Paulo Branco, en conflit depuis plusieurs mois avec Gilliam pour les droits du film et donc son exploitation. Le producteur portugais a déjà remporté trois victoires judiciaires aux dépens de Terry Gilliam, à qui il a acheté les droits d'auteur-réalisateur du film en avril 2016 pour le produire. Une décision en appel sur le fond du dossier est attendue le 15 juin à Paris.
Le distributeur s'estime en droit de diffuser le film
Le distributeur du film s'estime en droit de distribuer le film dans toute la France le 19 mai, après la décision rendue par la justice. "Le distributeur est victime de ce conflit. Nous sommes satisfaits car nous ne sommes pas aujourd'hui sous le coup d'une interdiction de distribution", a estimé l'avocat de Star Invest Films France, Me Christophe Ayela, dans une déclaration. "L'ordonnance d'aujourd'hui me donne ce droit. Halte à la censure !", a-t-il ajouté.
"Il serait excessif d'interdire que ce film soit montré au public, comme il aurait été excessif d'empêcher sa projection le 19 mai" en clôture du Festival, a conclu Me Ayela.
Le film doit encore obtenir son visa d'exploitation du Centre national du cinéma (CNC) pour sortir en salles le 19 mai. "On l'attend d'un jour à l'autre", a assuré l'avocat.