Le Festival de Cannes et ses sections parallèles, la Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la critique, ont été les premiers signataires, lundi, d'une charte en faveur de la parité femmes-hommes dans les festivals de cinéma, à l'initiative de l'association 5050 pour 2020. Ce collectif a été créé par l'association Le Deuxième regard, constituée de 300 personnalités du cinéma parmi lesquelles les cinéastes Tonie Marshall, Bertrand Bonello, les acteurs Adèle Haenel, Léa Seydoux et Pierre Deladomchamps, des producteurs et distributeurs.
"Genrer les statistiques". A travers cette charte, qui sera proposée à tous les festivals internationaux, le Festival s'engage notamment à "rendre transparente la liste des membres des comités de sélection et programmateurs" pour "écarter toute suspicion de manque de diversité et de parité", selon le texte signé par les responsables de la manifestation, en présence du jury de la 71e édition présidé par l'actrice australienne Cate Blanchett. A l'initiative du mouvement 5050 pour 2020 (pour une parité femmes-hommes en 2020), la charte a été paraphée par Thierry Frémaux, délégué général et sélectionneur du Festival de Cannes, Édouard Waintrop, délégué général de la Quinzaine des réalisateurs, et Charles Tesson, délégué général de la Semaine de la Critique.
Les signataires de la charte s'engagent aussi à "genrer" les statistiques pour les films soumis à sélection "afin d'accompagner le mouvement avec des données certaines". La charte demande aussi aux festivals "un calendrier de transformation des instances dirigeantes des festivals pour parvenir à la parfaite parité". La charte n'impose en revanche pas de quotas en termes de réalisatrices sélectionnées par exemple.
"Interroger nos propres pratiques". "Après l'affaire Weinstein, on espère que Cannes permettra de renforcer l'idée que le monde n'est plus le même, que le monde a changé et doit encore plus changer", a souligné Thierry Frémaux à l'issue d'un colloque sur la parité présidé par la ministre française de la Culture Françoise Nyssen. "Nous devons interroger nos propres pratiques, nos habitudes et notre histoire : une seule femme Palme d'or et 82 réalisatrices seulement en sélection. C'est le reflet d'une situation statistique qui dure depuis Alice Guy, première femme réalisatrice", a ajouté le délégué général.