Le prix Medicis 2016 est attribué à Ivan Jablonka pour Laëtitia ou la fin des hommes publié chez Seuil a annoncé mercredi le jury. Ivan Jablonka était en compétition avec six autres auteurs. Il a obtenu 5 voix contre 3 à Nathacha Appanah pour Tropique de la violence chez Gallimard.
Un "extraordinaire honneur". Ce livre est le portrait sensible de Laëtitia Perrais, jeune femme de 18 ans, violée, assassinée près de Pornic, en Loire-Atlantique, en janvier 2011. Il dresse également une radiographie sans complaisance de la France du début du 21e siècle. "J'ai une pensée pour Laetitia, pour sa sœur Jessica et pour tous leurs proches", a commenté l'écrivain en saluant un "extraordinaire honneur". Ce récit, salué par la critique, avait déjà remporté le prix littéraire du journal Le Monde. Ce livre est un peu un ovni littéraire car il n'est ni un roman, ni un essai, ni du journalisme d'investigation mais un peu tout cela à la fois.
Un fait divers devenu objet littéraire. En sociologue, Ivan Jablonka, 43 ans, s'interroge sur "l'énorme misère que notre société produit". Le fait divers est traité comme un objet d'histoire. Il est question des inégalités qui divisent les individus dès l'enfance, du rôle des médias, du manque de moyens alloués à la justice, de politique aussi quand elle cherche, comme ce fut le cas au moment du drame, à instrumentaliser une tragédie à des fins partisanes. L'auteur a interrogé les témoins de la tragédie, notamment Jessica, la sœur jumelle de Laëtitia, il a rencontré les acteurs de l'enquête, assisté au procès en appel du meurtrier en 2015.
Le prix Medicis du roman étranger a été attribué à Steve Sem-Sandberg pour Les élus (Robert Laffont) et celui de l'essai à Jacques Henric pour Boxe (Seuil).