Le réalisateur américain Michael Cimino, auteur notamment de The Deer Hunter ("Voyage au bout de l'enfer") sur la guerre du Vietnam et de Heaven's Gate ("La Porte du Paradis"), est mort à l'âge de 77 ans, ont annoncé samedi soir des sources concordantes.
Son décès a été annoncé d'abord par le directeur du festival de cinéma de Cannes, Thierry Frémaux, puis par le New York Times, qui cite Eric Weissmann, ami et ancien avocat du réalisateur. La cause du décès n'a pas été précisée immédiatement. Selon Eric Weissmann, cité par le New York Times, le corps du réalisateur a été trouvé à son domicile à Los Angeles.
Michael Cimino est mort, en paix, entouré des siens et de ces deux femmes qui l'aimaient. Nous l'aimions aussi. pic.twitter.com/emPv4nj5cZ
— THIERRY FREMAUX (@THIERRYFREMAUX) 2 juillet 2016
Oscar du meilleur réalisateur. Cimino a reçu en 1979 un Oscar du meilleur réalisateur pour Voyage au bout de l'enfer, une épopée de trois heures qui évoque la guerre du Vietnam à travers la vie de trois amis. Dans l'une des scènes cultes du film, les personnages incarnés par Robert De Niro et Christopher Walken, prisonniers des Nord-Vietnamiens, jouent à la roulette russe. En plus de la statuette du meilleur réalisateur, le film avait été récompensé de quatre autres Oscars dont celui du meilleur film.
La Porte de l'enfer... A contrario, La Porte du Paradis ne reste à l'affiche qu'une semaine. Égratignant le mythe fondateur du melting pot, cette saga est un fiasco critique et financier, fatal pour United Artists qui avait grandement investi pour ses 3H40 de projection. Même raccourci d'une heure, il reste un échec jusqu'à ce qu'en août 2012, Cimino en dévoile une version intégrale remastérisée qui trouve enfin son public. Le directeur de la Mostra de Venise, Alberto Barber, qualifie même de "chef-d'oeuvre absolu" cette évocation du combat sanglant de riches éleveurs du Wyoming contre des immigrés d'Europe centrale, avec l'accord tacite des autorités fédérales.
Cimino doit attendre cinq ans pour revenir en grâce en 1985 avec L'année du dragon ("The Year of the Dragon"), sur la mafia chinoise, mais la communauté asiatique l'accuse de racisme. Suivent trois échecs commerciaux: Le Sicilien en 1987, sur le bandit Salvatore Giuliano, que ses détracteurs l'accusent de glorifier, Desperate Hours, remake de "La maison des otages" de William Wyler, en 1990, et The Sunchaser en 1996, road movie sur les Navajos dans les montagnes du Colorado.
Écrivain. Lorsque la caméra lui fait défaut, Cimino s'exprime par l'écriture, notamment avec "Big Jane", un beau portrait de femme et de l'Amérique des années 1950 publié chez l'éditeur français Gallimard en 2001 faute d'éditeur américain. Ce roman lui vaut la même année le Prix littéraire du Festival du film américain de Deauville (France). On peut citer également Shadow Conversations ("Conversations en miroir"), livre de mémoires, et Hundred Oceans, roman auto-portrait. En 2001, la France, où il aimait résider, avait remis à Michael Cimino la médaille de chevalier des Arts et Lettres, décoration qui, disait-il, le touchait plus que toutes les autres.