À des milliers de kilomètres de Paris, à des milliers de kilomètres de ses fans, Johnny Hallyday repose désormais à Saint-Barthélémy. C'est là, dans les Antilles, qu'il a été inhumé lundi, dans l'intimité. Ce choix – le sien – en a surpris et déçu plus d'un, jusqu'à son ex-femme, Sylvie Vartan, la mère de David Hallyday, "triste" qu'il soit "si loin de nous tous qui l'aimons tant".
Comme le révèle Le Parisien mardi, un site de la capitale va néanmoins être rebaptisé en hommage au rockeur, mort mercredi à l'âge de 74 ans. “Je verrai avec la famille avant d'en parler” a indiqué Anne Hidalgo au quotidien. Selon des élus de la majorité appelés à voter mardi, les pistes de réflexion s’orienteraient vers le 9ème arrondissement. Europe1.fr fait le point sur les différentes options envisageables.
- Le quartier de la Trinité, dans le 9ème arrondissement
Pigalle, la Trinité, rue Blanche… C'est ici que Jean-Philippe Smet a grandi. Ici qu'il habitait, avec ses cousines, Desta et Menen, et sa tante Hélène, au 13, rue de la Tour-des-Dames.
C'est aussi là qu'adolescent, il retrouvait ses copains Eddy Mitchell et Jacques Dutronc, qui habitait à deux pas. "C'était le rendez-vous des faux blousons noirs qui se prenaient pour des James Dean... à scooter. On provoquait des bastons à la patinoire Saint-Didier, on affrontait la bande du Sacré-Cœur", se souvenait ainsi Johnny Hallyday dans une interview à L'Express, en 1996. "Ce lieu est emblématique et symbolique. C’était le lieu de rendez-vous de toute une génération de femmes et d’hommes qui ont bousculé la variété française", raconte Delphine Bürkli, l'actuelle maire du 9ème arrondissement, dans les colonnes du Parisien. "C’était le lieu de tous les possibles. Un lieu de joie. C’était les années heureuses où tout a commencé".
L’élue de droite aimerait qu’une stèle, un buste ou une guitare en bronze soit érigé dans le square de La Trinité, elle qui rêve depuis 2014 déjà, de rendre hommage à "l'idole des jeunes". L'option est en tout cas en bonne voie, à en croire certains élus parisiens. Dans l'entourage du chanteur, on réfléchit sérieusement à ce projet. Delphine Bürkli, elle, aimerait que la cérémonie ait lieu le 15 juin, date d'anniversaire de Johnny.
D'ici au 15 juin, une plaque commémorative devrait être posée devant le 3bis, cité Malesherbes, l'adresse qui a vu naître le rockeur.
- La "Villa Molitor", dans le 16ème arrondissement
Pour Fabien Lecoeuvre, le célèbre attaché de presse, spécialiste de la chanson française, une chose est sûre, "Johnny mérite une statue : cité Malesherbes, où il est né, dans le 9ème où il a grandi, ou dans le 16ème, rue Molitor, où il a vécu…". Entre Los Angeles et Saint-Barthélémy, la famille Hallyday a en effet longtemps habité dans un hôtel particulier du 16ème arrondissement de Paris, dans la très chic voie privée "Villa Molitor". Jusqu'à la fin des années 2000, il y invitait ses "potes" à faire la fête. Avant de léguer les lieux à sa femme Laeticia et d'y revenir de temps en temps entre deux concerts ou opérations promos.
- Marnes-la-Coquette, dans les Hauts-de-Seine
Car Johnny Hallyday s'est ensuite installé à Marnes-la-Coquette, dans les Hauts-de-Seine, où il est mort, dans la nuit de mardi à mercredi dans son domaine de "La Savannah". Dès qu'ils ont appris la nouvelle, des dizaines de fans se sont d'ailleurs rendus devant la demeure, pour prendre des photos ou déposer une fleur. La petite ville de 1.700 habitants est désormais liée ad vitam aeternam à la star. Et pourrait l'être encore plus si une statue venait y honorer sa mémoire.
- Un stade, une salle de concert
À chacun de ses concerts, il a allumé le feu. À jamais, la carrière de Johnny restera liée à ces salles mythiques, comme l'Olympia, le Stade de France, le Parc des Princes... Le président du groupe communiste Front de gauche au conseil de Paris aimerait lui qu’on rebaptise l’AccorHotels Arena, où il a donné 96 concerts, en son honneur. Dans le même esprit, le conseil municipal de Nice a décidé jeudi dernier de rebaptiser le Palais Nikaïa, la plus grande salle de concert de la ville, "Nikaïa – Johnny Hallyday".
- Le Panthéon
C'est en tout cas le souhait de certains Français. Une pétition en ligne a même été lancée – et signée 11.500 fois - pour qu'une plaque en hommage au chanteur y soit posée. "Ce serait une bonne idée", a estimé Fabien Lecoeuvre sur Europe 1. "Faire entrer Johnny au Panthéon, c'est faire entrer le rock'n'roll au Panthéon", a expliqué lundi l'auteur de Il était une fois Johnny Hallyday. "C'est une culture qui a révolutionné tout un peuple ici en France, entre 1956 et 1962 : la jeunesse a pris le pouvoir pour la première fois. Pour moi, cela a été une révolution aussi importante que l'œuvre d'Hugo, Gambetta ou des grands résistants comme Jean Moulin".
En France, une seule rue porte le nom du chanteur disparu. Pour l'arpenter, il faut se rendre à Charvieu-Chavagneux, en Isère. Mais depuis sa mort, cinq plaques portant le nom de la rock star ont été dérobées. Les trois restantes ont quant à elles été retirées par précaution. D'autres villes pourraient néanmoins être tentées d'imiter cette initiative.