"Pour la première fois, je n'ai pas mis de filtre. D'habitude, j'utilise des masques, façon Commedia dell'arte. Là, il m'est arrivé une histoire tellement extraordinaire qu'il ne fallait pas inventer mais juste être comme un petit journaliste reporter de sa propre histoire", confie Mathias Malzieu du groupe Dionysos à Nikos Aliagas, dont il est l'invité samedi, avec sa partenaire Babet Ferrer, dans Sortez du cadre.
Cette histoire digne d'un roman de science-fiction est celle du chanteur confronté à "une maladie rare du sang. Pour la guérir, il fallait une greffe de moelle osseuse", révèle-t-il. L'artiste est sauvé grâce au cordon ombilical d'une femme qui avait accouché en 1999 et dont le cordon avait été conservé dans le froid pendant 15 ans. Cette épreuve incroyable devient la colonne vertébrale, à la fois de son nouveau livre, Journal d'un vampire en pyjama, et du dernier album du groupe, Vampire en pyjama.
"Résistance poétique". C'est parce qu'il faut nettoyer et filtrer son sang que Mathias Malzieu se transforme en "vampire" : "j'avais besoin du sang des autres". "Une résistance poétique" se met alors en place : pendant qu'il est greffé, le groupe arrange les chansons et envoie le résultat que Mathias peut écouter lors de ses onze semaines passées en chambre stérile. "La musique nous a permis de garder le lien."
Dame Oclès. Le danger, l'avenir de cette maladie, devient un personnage de fiction et un titre de l'album : Dame Oclès. Un nom emprunté à l’épée qui peut tomber à tout moment. "Je voulais faire du danger une personnification sexy, laisser tomber la fatalité. J'avais l'impression de faire un duel avec moi-même." Un duel qui a duré. "Il nous a dit qu'il fallait jouer avec le temps, que c'était aussi un compagnon, ajoute Babet Ferrer. S'il m'était arrivé ça, je ne sais pas si j'aurais pu autant partager. Lui nous a permis de le voir avec sa fragilité et il a su en faire une force."