Monastère dans la brume, visages, regards, danses... Le moine bouddhiste Matthieu Ricard expose au BMW Brand Store cinquante ans de travail photographique jusqu'au 27 mai. L'interprète français du Dalaï Lama était l'invité de l'émission C'est arrivé demain pour évoquer cette passion pour la photo.
Le sentence de Cartier-Bresson. Son attrait pour l'image d'un instant remonte à ses 10 ans, au moment où on lui offre "un Foca sport", un petit appareil argentique. "C'était vraiment le minimum. Je prenais des reflets dans des flaques." Si ses parents ne sont pas emballés par le résultat sur papier, le garçon persévère. A 19 ans, il rencontre Henri Cartier-Bresson. "Je lui ai montré mes portraits." Nouveau verdict implacable pour son travail : "nul !".
Double vie. Malgré les mauvaises critiques, il se retrouve face "aux extraordinaires paysages de l'Himalaya, aux messes spirituelles et aux enfants au regard transparent". Il choisit de continuer à "partager". C'est aussi pour lui une manière de faire prendre conscience "de la beauté de la nature à un moment où cet environnement est si menacé."
"Ma distraction préférée". Après cinquante de photos et une transition numérique, Matthieu Ricard mène désormais à temps plein une double vie de moine photographe. L'état d'esprit de l'artiste n'a rien à voir avec celui du moine en méditation. "La photographie, c'est ma distraction préférée. C'est la manière la plus agréable de ne pas méditer". De temps, en temps, il interrompt même sa méditation pour attraper la bonne image. "C'est moyen", se rabroue-t-il. Mais une lumière précise n'attend pas. Quant à Cartier Bresson, il est devenu un ami, qui a même glissé un petit mot dans l'un de ses premiers livres de photos à vocation humanitaire.
Exposition "Un demi-siècle en Himalaya" au 38 avenue George V à Paris (en accès libre) puis dans la concession d’Avignon du 17 juin au 17 juillet, à l’occasion des Rencontres de la Photographie d’Arles et du Festival d’Avignon.