Microbe est un enfant un peu introverti, rêveur et très bon dessinateur. Il lui arrive régulièrement d'être pris pour une petite fille à cause de ses traits délicats et de ses cheveux longs. Un jour, Gasoil, un garçon émancipé, créatif et sûr de lui, fait son arrivée, en cours d'année, dans la classe de Microbe. Les deux garçons, peu intégrés, vont nouer une amitié profonde et se révéler. Alors que les vacances approchent, ils se mettent en tête de construire une voiture-maison dans laquelle ils vont partir en voyage sur les routes de France. Avec Microbe et Gasoil, son nouveau film, en salles mercredi, Michel Gondry nous embarque dans un road-movie poétique et nostalgique, ode à l'amitié, constitutive de la personnalité de deux garçons qui sortent de l'enfance. On vous dit pourquoi on a aimé.
Pour les deux héros. Les deux gamins d'abord, trente ans à tous les deux, forment un duo de collégiens énergique et comique. Leurs rapports sont d'ailleurs "assez fidèles à la réalité de l'adolescence" du réalisateur, confie-t-il. Le personnage de Microbe est même une sorte d'alter ego de Michel Gondry, lui-même bon dessinateur. Autre trait commun, qu'on retrouve à l'écran : comme Microbe, on prenait souvent Gondry pour une fille lorsqu'il était enfant. Mais tout change lorsque Microbe tombe sur Gasoil. Veste de Michael Jackson sur les épaules, casque de cheveux bouclés sur la tête et très bricoleur, le garçon n'est pas du genre à se laisser impressionner par ses contemporains. Microbe envie sa liberté et son culot. Et les deux garçons s'embarquent ensemble sur les routes, au volant de leur drôle de voiture-maison.
Charme désuet. Quand ils ont de grandes discussions, ils ont ce ton un peu désuet et décalé qui fait le charme de leur duo et du film. Michel Gondry ne manque pas, au fil des dialogues, quelques clins d'œil critiques à la société de consommation ou au mauvais goût ambiant, très drôles. Microbe et Gasoil partagent une hostilité à la technologie et à la mode, qui parait complètement décalée. A l'image du réalisateur dans son enfance. "Nous, à l'époque, on était anti-modernes. J'étais anti-commercial, je ne serais jamais allé voir (…) La Guerre des étoiles", raconte-il notamment. Les deux héros, comme lui, sont fermement du côté du rêve et contre le principe de réalité.
Pour la galerie de personnages loufoques. On fait aussi la connaissance des familles respectives, Audrey Tautou quelque peu vieillie joue la mère inquiète et dans la lune de Microbe. Quant à la famille de Gasoil, elle explique à elle seule la débrouillardise du gamin. La mère, alitée et malade, ne cesse de geindre en fumant cigarette sur cigarette quand le père pousse son fils à travailler. Défile ensuite une galerie de personnages parfois touchants, parfois grotesques, des flics un peu idiots, de petits caïds ou un dentiste fou.
Pour le côté handmade. Dans Microbe et Gasoil comme dans tous ses films, Michel Gondry laisse place au fait-main. Les deux garçons construisent une voiture-cabane à l'aide d'un moteur de tondeuse et de quelques planches de bois. Le réalisateur, au bon coup de crayon, a lui-même déssiné la voiture-maison et l'a donnée à construire à son décorateur habituel. La voiture utilisée pour le film, en réalité, n'a pas de moteur de tondeuse à gazon -celui-ci "n'aurait pas été assez puissant", explique le réalisateur- mais "un moteur de 250". Dans Microbe et Gasoil, il arrive quelques mésaventures aux garçons. Plusieurs voitures ont donc été construites par l'équipe du film. Ce sont aussi les acteurs eux-mêmes qui ont conduit ces véhicules sur les routes, avec un vrai plaisir de gosse, précise Michel Gondry.