«On brandit toujours le bac professionnel comme une menace», regrette Agnès Jaoui

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Europe 1
L'actrice et réalisatrice Agnès Jaoui présente mercredi dans "Culture Médias" le film "Compagnons", dont Europe 1 est partenaire. Elle regrette au micro de Philippe Vandel que les filières professionnelles et le travail manuel, au cœur de ce film, soient encore considérés en France comme une voie de garage.
INTERVIEW

"Les mains aussi sont intelligentes". Cette phrase est l'une des répliques d'Agnès Jaoui dans le film Compagnons, qui sort en salle mercredi et dont Europe 1 est partenaire. Une affirmation avec laquelle l'actrice est en adéquation, comme elle l'explique au micro de Philippe Vandel dans l'émission Culture Médias. Ce film sur les Compagnons du devoir met la lumière sur le travail manuel. "C'est une des raisons pour laquelle j'aime ce film aussi. Et les compagnons, d'ailleurs", indique Agnès Jaoui.

"Cela fait effectivement quelques années qu'on essaie de revaloriser le travail manuel. Mais malheureusement, quand on vous vire du bac général, on vous fait bien comprendre que vous êtes un nul. Et on brandit toujours le bac pro comme une menace", regrette l'actrice et réalisatrice au micro d'Europe 1. "Donc après ça les profs essaient de récupérer comme ils le peuvent des élèves dont l'estime de soi est déjà totalement abîmée. Ce qui est dramatique."

"Quand vous sortez de chez les Compagnons, vous avez du travail pour toute la vie"

Agnès Jaoui a ainsi été récemment marquée par une séquence de l'émission The Voice. "Il y avait un jeune homme, très émouvant à qui Amel Bent a dit qu'il est très intelligent. Et il lui répond que non, que sinon il aurait eu son bac général", raconte-t-elle. "Cela dit à quel point, on intériorise le fait qu'il n'y aurait que le travail intellectuel (et même pas intellectuel, en réalité le travail scolaire) qui vous donnerait le sésame de l'intelligence. C'est évidemment totalement faux."

"Sans compter que le travail scolaire ne vous donne même pas forcément de travail", poursuit-elle. "Alors que, quand vous sortez de chez les Compagnons, vous avez du travail pour toute la vie."

Pour construire son rôle de "mère de Compagnons", Agnès Jaoui a passé du temps au sein de cette association ouvrière. Elle a notamment suivi Marguerite, mère des Compagnons de Nantes, mais aussi une éducatrice et travailleuse sociale sur les chantiers d'insertion. "Mon personnage est un mélange de ces deux femmes, et d'autres sources d'inspiration", dévoile-t-elle.