Si vous demandez à un joueur quel jeu vidéo l'a le plus marqué ces dernières années, il y a de fortes chances qu'il réponde Ori and the Blind Forest. Sorti en 2015, ce jeu de plateforme, dans la veine des Rayman, mettait en scène Ori, un esprit sylvestre chargé d'apporter la lumière dans la forêt de Nibel, rongée par un mal obscur. Avec ses graphismes magnifiques et sa musique onirique, Ori and the Blind Forest avait pris les joueurs par surprise et s'est depuis imposé comme un des meilleurs jeux de la décennie. Pas simple, donc, de passer la seconde. Pourtant, Moon Studios et Microsoft réussissent à faire aussi bien avec une suite splendide : Ori and the Will of the Wisps.
Retour dans le monde onirique d'Ori
Ce second opus reprend exactement à la fin du premier. Après s'être frayé un chemin dans les bois de Nibel pour lui redonner son éclat d'origine, Ori retrouve ses amis Naru, une sorte de nounours bienveillant, Gumo, étrange créature aux longs bras et un petit nouveau, Ku, un bébé chouette. Tout va bien dans le meilleur des mondes, jusqu'à ce qu'une tempête emporte Ori et Kun loin de chez eux, vers les sombres terres de Niwen. Le petit esprit blanc va donc devoir repartir à l'aventure pour sauver son amie et apporter un peu de lumière dans un environnement corrompu par le mal. On n'en dira pas plus pour préserver les surprises et l'émotion du scénario.
C'est ici que le joueur prend à nouveau le contrôle d'Ori. Ceux qui ont déjà testé Ori and the Blind Forest ne seront pas dépaysés. On retrouve un gameplay quasiment identique, à savoir un jeu de plateforme-labyrinthe non-linéaire. Il s'agit à nouveau d'explorer différentes zones, emplies de pièges et d'ennemis, pour accomplir diverses missions et progresser dans le scénario. Pour progresser, il faut débloquer régulièrement de nouveaux pouvoirs afin de débloquer des zones inaccessibles. Ori and the Will of the Wisps conserve donc la recette magique de son aîné, mais ajoute tout de même une bonne dose de nouveautés.
Un jeu riche et varié
À commencer par les capacités d'Ori. Dans le premier jeu, notre héros ne pouvait se battre qu'avec une boule d'énergie. Cette fois, il acquiert au fur et à mesure nombre d'armes et de compétences, comme un arc et une épée d'énergie ou encore la possibilité de lancer des attaques enflammées. Les techniques d'Ori sont aussi boostées régulièrement avec des doubles sauts, des sprints en l'air, une réduction des dégâts, etc. Il faut être un peu stratégique dans leur utilisation puisqu'il n'est possible d'assigner à Ori que trois attaques (mais on peut en changer à tout moment) et un nombre limité de techniques et bonus. Selon les zones et les ennemis, il faut donc savoir s'adapter.
La variété justement, c'est l'apport majeur d'Ori and the Will of the Wisps. Tout est plus diversifié que dans le premier opus. Les combats sont désormais pimentés par des affrontements contre des monstres géants (un loup, une araignée, un scarabée…), sortes de boss qui permettent de franchir un palier. Idem pour la cœur du gameplay : les plateformes. Obstacles et puzzles sont ici bien plus nombreux et variés que dans le premier opus, rendant le jeu moins linéaire. Il est nécessaire parfois de zapper une zone pour revenir plus tard, mieux armé.
Une difficulté finement dosée
Cette variété aurait pu aboutir à une plus grande complexité que le premier jeu. Il n'en est rien. D'abord car la difficulté générale d'Ori and the Will of the Wisps a été allégée. Le mode "normal", loin de l'être dans le premier, est cette fois accessible aux joueurs de tous niveaux. Autre aide bienvenue : un système de sauvegarde automatique de la progression, là où le premier jeu reposait sur des sauvegardes manuelles. Une compétence de soin, rapidement débloquée, permet également de moins se retrouver bloquer dans des passages compliqués. On meurt toujours beaucoup mais on perd moins de temps en recommençant. Résultat, une quinzaine d'heures maximum suffisent à boucler le jeu.
Enfin, les déplacements d'Ori ont été affinés pour atteindre une précision millimétrée. Contrôler le petit esprit procure, plus que jamais, un véritable plaisir manette en main. Une fois les différents boutons maîtrisés, on virevolte de plateforme en plateforme, on saute, on se balance, on sprinte… L'exploration du monde, trois fois plus grand que celui du premier jeu, s'en trouve simplifiée et bien moins pénible qu'auparavant. Seul regret : malgré les nombreuses indications sur la carte, l'objectif à atteindre n'est pas toujours clair. Sans être totalement perdu, il arrive de tourner en rond un moment avant de comprendre où le jeu souhaite nous emmener.
Un régal pour les yeux et les oreilles
Enfin, comment ne pas évoquer la direction artistique d'Ori, une nouvelle fois somptueuse. Les graphismes, toujours caractérisés par leur profondeur et une profusion de couleurs, dessinent un nouvel univers onirique de toute beauté. Si le design de certains personnages laisse à désirer, l'ensemble reste magnifique, à la hauteur des promesses esquissées par le premier opus. Chaque région du monde de Niwen dispose de son atmosphère propre, entre les bois luxuriants, les montagnes venteuses, les marais boueux ou encore le moulin ancien.
Tout cela est sublimé par la musique, encore plus aboutie. Le compositeur Gareth Coker, cette fois épaulé par un orchestre symphonique et un chœur, livre une partition envoûtante mais jamais entêtante. Chaque zone de Niwen a son propre thème, thème qui est lui-même décliné en plusieurs variations en fonction des régions de la zone et du type d'action en cours (exploration, fuite, combat…). Un bonheur pour les oreilles qui accentue également les cinématiques d'Ori and the Will of the Wisps, ajoutant à l'émotion déjà forte que procure le jeu.
Notre avis : une merveille à ne pas rater
Que vous ayez joué ou non à Ori and the Blind Forest (si ce n'est pas le cas, foncez sans hésiter), Ori and the Will of the Wisps ne pourra que vous émerveiller. S'il semble d'abord très semblable à son aîné, ce deuxième opus dévoile progressivement sa richesse. Gameplay précis et addictif, scénario émouvant, graphismes magnifiques : tous les ingrédients d'un chef d'oeuvre sont là. Et c'est bel et bien le qualificatif approprié pour ce jeu, concentré de tout ce que le jeu vidéo peut offrir aujourd'hui en tant qu'art.
Ori and the Will of the Wisps, disponible sur Xbox One et PC, 29,99€