L'un des plus célèbres livres de Patrick Modiano, sorti en 1997, portait déjà son nom, "Dora Bruder". L'histoire de cette jeune habitante du boulevard Ornano, près de la porte de Clignancourt, déportée en 1942 au camp d'Auschwitz, avait ému le prix Nobel de littérature. Patrick Modiano a tout naturellement pris part, lundi, à l'inauguration d'une promenade parisienne du 18e arrondissement de Paris au nom de Dora Bruder.
"Dora Bruder devient un symbole. Elle représente désormais dans la mémoire de la ville les milliers d'enfants et d'adolescents partis de France pour être assassinés à Auschwitz", a déclaré Patrick Modiano. Sur la plaque installée en l'honneur de la jeune femme, les passants pourront à présent lire ces quelques mots : "On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1m55, visage ovale, yeux gris-marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41 boulevard Ornano, Paris".
C'est justement cet avis de recherche, figurant dans un numéro du journal Paris-Soir daté du 31 décembre 1941, qui avait frappé Patrick Modiano. L'écrivain avait alors entrepris de très sérieuses recherches pour nourrir son roman. "Aujourd'hui que nous sommes réunis dans cette allée qui porte son nom, je ne peux m'empêcher de penser que Dora était tout simplement une enfant du XVIIIe arrondissement, une enfant de Montmartre", a encore déclaré Patrick Modiano.
Devoir de mémoire. Après l'attribution du prix Nobel à l'écrivain français, en octobre dernier, Anne Hidalgo avait décidé de donner le nom de Dora Bruder à un lieu de la capitale. La maire de Paris, qui avait également fait le déplacement lundi, a prononcé un court discours. "Dora Bruder était une jeune fille qui aimait ce quartier et elle a été arrachée à la vie par la barbarie simplement parce qu'elle était juive", a-t-elle déclaré avant d'ajouter : "Se souvenir du passé, c'est être capable d'affronter et de répondre à celles et ceux qui font des amalgames, qui voudraient nous faire croire que tout cela est derrière nous, voire que cela n'a jamais existé".