50 ans de la mort de Picasso : découvrez six anecdotes sur sa jeunesse, racontées par son petit-fils

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Romain David , modifié à
50 ans après la mort de Picasso, découvrez des anecdotes sur la jeunesse de l'artiste qui a bouleversé la peinture du 20è siècle. Sur Europe 1, Olivier Widmaier évoque la jeunesse de son illustre grand-père Pablo Picasso. Le génie derrière "Guernica" ou "Les Demoiselles d'Avignon" est mort il y a 50 ans jour pour jour ce samedi.

50 ans. Ce 8 avril 2023 marque le demi-siècle de la disparition, à Mougins, de Pablo Picasso. Un artiste connu de tous, touche à tout, et qui a bouleversé la peinture du 20ème siècle. Sur Europe 1 son petit-fils, Olivier Widmaier, évoque la misère et le faste de ces premières années à travers une série d'anecdotes sur son aïeul. 

Un crayon à la place de "papa et "maman"

La propension de Pablo Picasso pour l'art se serait exprimée dès le berceau, si l'on en croit la légende. Le premier mot prononcé par le jeune Pablo aurait ainsi été "piz", pour "lápiz", qui signifie crayon en espagnol. Une anecdote qui appartient certainement à l'hagiographie, mais qui amuse Olivier Widmaier. "Ça ne me paraît pas impossible", sourit-il. "Je pense qu'il a eu un attrait très rapide pour la création. Il est très probable qu'il ait compris ce mot bien avant de comprendre celui de 'papa' et 'maman'", veut croire le petit-fils du maître.

Une première huile à sept ans

Véridique cette fois : le premier coup de pinceau de l'artiste est toujours conservé par sa famille. "Il fait son premier tableau sur le couvercle d'une boîte à gâteaux, c'est un petit picador jaune", raconte Olivier Widmaier. Cette huile miniature impressionne, tant par l'équilibre des proportions, que par l'originalité de la composition et les capacités de coloriste dont elle témoigne.

"Elle reflète à la fois sa technique, son don inné mais aussi ses origines espagnoles", détaille-t-il. "Il suffira de quelques années pour que Picasso gagne les premiers prix avec des œuvres que l'on retrouve aujourd'hui au musée de Barcelone, notamment La Première communion ou Science et Charité, qui sont exceptionnelles de maîtrise artistique classique, mais également au niveau des idées", explique encore Olivier Widmaier. Volant de chef-d'œuvre en chef-d'œuvre, l'artiste a pourtant toujours refusé de se séparer de son petit picador jaune. Et de répéter une fois la vieillesse venue : "J'ai mis toute ma vie à savoir dessiner comme un enfant."

 

À Orsay avant l'heure

L'histoire s'amuse parfois d'étonnants pieds de nez. 118 ans avant qu'Orsay n'expose ses toiles bleues et roses, ce bâtiment fut le tout premier point de contact du peintre avec Paris. À l'époque, il ne s'agit pas encore d'un musée mais d'une gare, spécialement construite pour accueillir les visiteurs de l'exposition universelle de 1900. "Il arrive par un train depuis l'Espagne, dans un wagon de troisième classe, en bois. Il met deux jours pour arriver à Paris, à la gare d'Orsay", rapporte Olivier Widmaier. "Je trouve que le clin d'œil est assez amusant aujourd'hui".

Immédiatement, Pablo Picasso rejoint Montmartre, l'un des centres de la vie artistique parisienne du début du XXème siècle. "C’est là où se passe le foisonnement des artistes qui ont débarqué pour, d'un côté, voir l'exposition universelle, et de l'autre échanger." Pour rappel, Pablo Picasso fut en 1971 le premier artiste à être exposé de son vivant au musée du Louvre.

Bleu comme le blues, rose comme l'amour

Pablo Picasso a été profondément marqué par le suicide en 1901 de son ami Carlos Casagemas, qui l'avait accompagné à Paris. Plongé dans une profonde dépression après une déception amoureuse, ce dernier a sombré dans l'alcool avant de se tirer une balle dans la tête. Aussitôt, la couleur bleue envahit les toiles de Picasso. Elle marquera l'une de ses périodes créatrices (1901-1904) les plus brillantes, mais aussi l'une des plus mélancoliques.

"C’est le bleu qui envahit sa vie, c'est la nostalgie, le deuil et la pauvreté à Paris", décrypte son petit-fils. "Il explore pour la première fois l'utilisation monolithique d'une seule couleur, et il arrive à la transfigurer avec des variantes." Puis vient, après 1904, la période rose, marquée par sa rencontre avec l'une de ses principales muses, Fernande Olivier. La rose transcrit son goût pour l'amour, mais aussi la découverte des arts du cirque, avec "les acrobates, les couleurs, les arlequins".

L'art africain, aux sources du cubisme

En 1907, Pablo Picasso appréhende un univers artistique à des années-lumière de la culture classique que lui a prodigué son père, professeur de dessin. Sa rencontre avec l'art africain amène son style à maturation, et prélude à l'envolée cubiste. Un art qu'il a d'abord découvert chez Gertrude Stein, une américaine férue d'art et une grande découvreuse de talents installée à Paris.

"Il a également découvert toutes les statues africaines au musée de l'Homme, au Trocadéro, avec un souvenir assez troublant", indique Olivier Widmaier. "Ça sentait mauvais, c'était ombrageux, il y avait de la poussière partout. Là, il a découvert des œuvres qu'il ne connaissait pas, ce que l'on appelle aujourd'hui l'art primitif", poursuit-il. "Il a essayé de percer le secret de cet art africain […]. Ça l'a amené à simplifier les formes. C'est ce que l'on a appelé le cubisme, c'est-à-dire une simplification qui permet d'observer une personne ou un objet sous différents angles, sur le même plan."

 

Un grand amour… rencontré devant les galeries Lafayette

Une fois la stabilité financière venue, à la fin des années 1900, Pablo Picasso commence à mener une vie mondaine, multiplie les allers-retours entre l'Espagne et la France, fréquente les principaux artistes et intellectuels du temps. En 1927, il croise de manière fortuite la route de Marie-Thérèse Walter, de 28 ans sa cadette. La jeune fille est abordée devant les galeries Lafayette par le maître. "Elle ne savait pas qui était ce Picasso. Elle était charmée par ce monsieur avec cette jolie cravate. Il lui a dit : 'Mademoiselle, j'aimerai faire votre portrait, je pense que nous allons faire de grandes choses ensemble !", rapporte Olivier Widmaier, lui-même descendant de cette idylle.

Après cette rencontre, Picasso simplifie sa vie. "Il est revenu à l'essentiel : le peintre dans son atelier. Jusqu'à la fin de sa vie, il quittera la table après chaque déjeuner, en disant : 'Je vais travailler'". Son histoire d'amour avec Marie-Thérèse Walter s'achève à la fin des années 1930, bousculée par la rencontre avec Dora Maar.