France 2 a levé le voile, lundi, sur les prochains "guest"(célébrités invitées) de la saison 3 de Dix pour cent, une série qui dépeint le quotidien d'agents de stars, et dont cette nouvelle saison sera diffusée à la rentrée prochaine. Après Gilles Lellouche, Line Renaud et Cécile de France en saison 1, Juliette Binoche, Fabrice Luchini, Isabelle Adjani, en saison 2, la chaîne publique s'offre un véritable tapis rouge de célébrités cette année. Isabelle Huppert, Jean Dujardin, Monica Bellucci, Gérard Lanvin ou encore Béatrice Dalle apparaîtront au générique de la série produite par Dominique Besnehard, lui même ancien agent de stars et dont le parcours a inspiré la fiction.
"Une série réflective". Mais si des comédiens primés se pressent aujourd'hui pour jouer dans Dix pour cent, ce n'est pas uniquement pour les yeux bleus de Besnehard. Mais parce que la série a connu un succès immédiat. C'est vrai du côté des téléspectateurs - Ils étaient environ 3 millions devant leur écran de télévision pour chaque épisode de la saison 2 et plus de 4 millions pour la saison 1 - mais aussi du côté de la critique médiatique qui dans son ensemble a salué la qualité de la fiction.
"C'est également une série réflective qui parle de cinéma donc ça séduit les acteurs. C'est le business qui parle du business", décrypte Virginie Spies, maître de conférences à l'université d'Avignon, analyste des médias, créatrice de la chaîne Youtube Des médias presque parfaits."Les acteurs n'ont par ailleurs pas grand chose à perdre à jouer 'les guest'. Ils ne s'enferment pas dans un rôle et ils peuvent revenir dans la saison d'après s'ils le souhaitent, comme le fera d'ailleurs Julien Doré dans la saison 3 après une apparition dans la saison 2. Ce n'est pas très engageant".
Plus de qualité. Surtout, la série plait car elle est de qualité. Le cinéaste Cédric Klapisch (L'Auberge espagnole, Paris), aux manettes de deux épisodes de la saison 1, assure la direction artistique de la série. Un groupe d'auteurs a également écrit le scénario. "Cette méthode de travail a été utilisée sur les séries Un village français ou Le Bureau des légendes", rappelle l'analyste des médias. "Elle stimule la créativité".
La télé n'est plus ringarde. Mais Dix pour cent n'est pas la seule série française à pouvoir se targuer d'attirer des gros poissons du cinéma français. Ainsi Nathalie Baye, vue dans les séries Dix pour cent ou Les hommes de l'ombre, (France 2), sera l'héroïne de la prochaine création originale de Canal +, Nox. Kad Merad reprend également son rôle de politicien influent dans la saison 2 de Baron Noir, diffusée le 22 janvier sur Canal +. Sami Bouajila (Souviens-toi, M6), Elodie Bouchez (Aurore, Arte) Leila Bekthi (Jour polaire, Canal +) ou encore JoeyStarr (La Main du mal, TF1) se sont aussi laissés convaincre.
La télévision longtemps considéré comme un média ringard a changé d'étiquette. "Il y a dix ans faire une série pour un acteur ça voulait dire une saga de l'été ou une sitcom. C'était plutôt un moyen de se recaser lorsqu'on ne trouvait pas de rôle au cinéma", confirme Virginie Spies. "Aujourd'hui, les frontières sont plus poreuses. Il n'y a plus d'acteurs estampillés télé ou cinéma."
L'influence du mode de diffusion. L'évolution du mode de diffusion des séries y est pour quelque chose. Les séries télé sont désormais moins périssables qu'avant puisqu'elles sont diffusées à la télévision, sont disponibles en replay sur les sites des chaînes et connaissent parfois une nouvelle vie sur des plateformes de streaming en France comme à l'étranger. C'est le cas de Dix pour cent, disponible depuis 2016 sur Netflix et diffusée ainsi dans près d'une soixantaine de pays, mais aussi du Bureau des légendes. La série de Canal + est la série française à avoir généré le plus de revenus à l'étranger en 2017. "Il y a désormais un véritable enjeu économique. Cela pousse les producteurs à tendre vers plus de qualité", décrypte l'analyste des médias. De là à dire que les séries françaises connaissent un véritable âge d'or ? "Il est sûrement trop tôt pour l'affirmer", conclut Virginie Spies qui préfère parler de "cercle vertueux".