Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Vendredi, l'animateur nous explique celle de "allô", cette expression téléphonique vraisemblablement venue de Hongrie.
Dire "allô" en décrochant son téléphone est un tel réflexe en France, que l'on imagine souvent que le mot s'utilise partout dans le monde. Cette expression est en réalité très française : les Italiens répondent en disant "pronto", les Japonais "moshi moshi" et les Espagnols "diga".
"Allô" est en tout cas bien inscrit dans notre dictionnaire. Le Larousse le définit joliment comme étant "un appel préparatoire à une conversation téléphonique. Même l’Académie Française s'est penché sur ce petit mot de quatre lettres, recommandant l'usage de l’accent circonflexe sur le "o", alors que le Larousse nous en dispense. Un débat orthographique des plus français, sur un mot qui trouve pourtant ces origines à l'étranger.
Un mot hongrois hérité de l'inventeur du téléphone
On pourrait croire que notre "allô" serait une déformation de l'anglais "hello". Et il est vrai que les deux mots se ressemblent. Mais, selon toute vraisemblance, cette interjection viendrait plutôt du hongrois "hallo", qui signifie "j'écoute". Cela fait sens, puisque Tivadar Puskas, l'inventeur du central téléphonique, était hongrois.
Lors du premier test de mise en service de son invention, en avril 1877, Tivadar Puskas a demandé à son interlocuteur "hallod ?", "tu m'entends ?". Ce dernier a répondu "hallom", soit "je t'entends", avant d'ajouter "hallo", "j'écoute". Nous avons tout simplifié avec le désormais très français "allô".
À noter également que les bergers normands du 11e siècle, installés en Angleterre suite à l'invasion de Guillaume le Conquérant, rassemblaient leurs troupeaux par des "halloo !". En anglo-normand "halloer" signifie en effet "poursuivre en criant".
Plus proches de nous, nos cousins québécois utilisent eux aussi le mot "allô". Mais de leur côté de l'Atlantique, ils s'utilisent davantage pour se saluer de vive voix. Les Québécois se disent d'ailleurs autant "allô" quand ils se rencontrent que pour se quitter à la fin d'un rendez-vous.