Pourquoi dit-on de celui qui s'est fait avoir qu'il s'est fait pigeonner ?

pigeon
Quelle est l'origine de l'expression "se faire pigeonner ?" © Pixabay
  • Copié
Stéphane Bern, édité par Alexis Patri
Dans l'émission d'Europe 1 "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche sur les racines d'une expression française du quotidien. Lundi, il s'intéresse aux origines de "se faire pigeonner", une expression aviaire qui signifie que l'on se fait avoir, et dont l'histoire remonte à la France du 16e siècle.

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Lundi, l'animateur nous explique les racines de l'expression "se faire pigeonner". 

"Quel est le rapport entre le fait de se faire avoir et les pigeons ? Quand on est le dindon de la farce, quand on s'est fait duper, on dit parfois que l'on s'est "fait pigeonner". Au 16e siècle, les gens de la haute société était friand d'un oiseau que l'on appelle la huppe. Il est doté d'une crête très fournie en plumes, qu'il fallait retirer avant de la consommer. Autrement dit, fallait le déhupper. Cela donnera le verbe "duper".

De plus en plus rare, l'oiseau fut remplacé par le pigeon, beaucoup plus facile à piéger. Le volatile était adoré au Moyen-Âge, aussi bien comme moyen de communication que cuisiné bien cuit et bien salé. La fiente de pigeon était d'ailleurs un très bon engrais pour le potager. On appelait cela de la colombine.

Le pigeon comme symbole de richesse

Et quand un seigneur avait un pigeonnier cela voulait dire qu'il était riche. Il existait même une règle : la quantité de pigeons que l'on avait devait être proportionnelle aux terres que l'on possédait. Quand arrivait un mariage, il était monnaie courante que les seigneurs fassent des boulins supplémentaires : comprenez des trous à pigeons dans les pigeonniers, pour faire croire qu'ils en possédaient plus qu'ils n'en avaient en vrai.

Ainsi, on se faisait passer pour plus riche que l'on était, et le père de la future mariée, qui pensait marier sa fille à plus riche qu'en réalité, se faisait alors "pigeonner"."