Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Jeudi, l'animateur nous explique les racines de l'expression "avoir des cornes". Cette formule, qui désigne les personnes faites cocues par leur partenaire, a des origines animalières pour le moins imagées.
Dans les films, les romans et les séries humoristiques, il existe un personnage récurrent pour lequel on a toujours un peu de tendresse, un peu de compassion. C'est le cocu. Un personnage, trompé par son ou sa partenaire, que l'on désigne souvent dans ces œuvres comme quelqu'un qui "a des cornes". Une expression que l'on retrouve également dans le français courant. Mais pourquoi la tromperie ferait-elle soudainement pousser des cornes sur la tête de celui ou celle qui la subit ? La réponse se trouve du côté des boucs et de l'Antiquité grecque.
Car le mot "cocu" vient de "coucou", le nom d'un oiseau particulièrement volage qui pond ses œufs dans le nid d'autres espèces, afin de s'éviter l'éreintante tâche de nourrir ses petits. En Occitan, "coucou" se dit "coguos", une traduction qui trouve ses racines dans le latin "cogulus", qui désigne le même oiseau.
Des cornes de bouc
Mais pourquoi les cornes ? Au 13e siècle, pour dire "imbécile", on utilisait le mot "cornart", qui donnera plus tard l’insulte que vous devinez. Dans la même veine, on utilise au 15e siècle le verbe "escorner" pour dire "se ridiculiser". Le terme "corne", que l'on retrouve dans "cornart" et dans "escorner", désigne en lui-même le pénis.
Rendre quelqu'un cocu, et donc pratiquer le sexe avec une tierce personne, pouvait ainsi être désigné par l'expression pas vraiment subtile "planter des cornes". Et, selon Voltaire, on retrouve cette image de la corne dès l'Antiquité grecque. À cette époque, le mot "bouc" pouvait être utilisé pour désigner un mari dont la femme était particulièrement réceptive aux élans extra conjugaux.
Enfin, Edmond Rostand avait inventé en son temps le verbe "ridicoculiser", un mélange de cocu et de ridicule, pour désigner ce qui arrive aux personnes trompées. Heureusement, le ridicule ne tue pas le cocu.