Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Mercredi, l'animateur nous explique les racines d'une expression mortelle : "passer l'arme à gauche". Celles-ci sont à chercher, sans surprise, du côté du milieu militaire et de l'époque napoléonienne.
L'expression du jour n'est pas forcément la plus festive, puisqu'elle signifie mourir : "passer l'arme à gauche". Et pusiqu'il s'agit d'arme, elle trouve sans grande surprise son origine dans l'univers militaire. Et plus précisément dans les guerres napoléoniennes. Dans l'inventaire de l'infanterie de la grande armée, on trouvait de longs mousquets, des fusils dont les canons qui pouvaient faire jusqu'à 1,20m.
Leur principal inconvénient était le moment de la recharge. Après avoir tiré, il fallait déchirer une cartouche qui était un petit carton dans lequel se trouvait la balle du fusil ainsi que la charge de poudre. La manœuvre était longue et délicate. Elle devait en plus se faire en plein champ de bataille, dans un contexte qui n'était que très peu propice à la sérénité.
Une origine médiévale probable
Pendant la recharge, le soldat posait son arme sur sa gauche pour ne pas qu'elle tombe. Il passait donc l'arme à gauche à un moment où il était particulièrement vulnérable. Et, en effet, c'était souvent à ce moment précis qu'il était tué. En dehors de cette anecdote, il faut avouer que le côté gauche est toujours mal vu : il porte la poisse, être gauche c'est être maladroit, et a contrario avoir de la droiture est plutôt une bonne chose.
Une autre explication possible nous vient du Moyen-Âge : quand deux grandes familles s'unissaient, on refaisait les armoiries pour redessiner un nouveau blason. Ceux de l'époux étaient à droite, celles de l'épouse était à gauche. Quand le mari mourait, il était de tradition de redessiner les armoiries à gauche, et donc de passer les armes à gauche.
En Espagne, on est aujourd'hui optimiste : pour dire mourir, on dit "pasar à mejor vida", soit "passer à meilleure vie". En italien, c'est "tirar il calzino" : "tirer la chaussette", un sens assez mystérieux. En wallon, on dit "aller au pays des taupes". Voilà qui est plus clair.