"Un groupe de rock en français, ça ne marchera jamais !" Cette phrase, les membres du groupe Téléphone l’ont entendu à plusieurs reprises, venant de responsables de maisons de disque sur le coup bien peu inspiré. Mais Richard Kolinka et Louis Bertignac ne montrent plus d’amertume en évoquant les avertissements de ces Cassandre pas très visionnaires. Les deux membres du groupe culte, invités exceptionnels d’Europe 1 vendredi d’une émission spéciale Téléphone à l’occasion des 40 ans de l’album culte Crache ton Venin, préfèrent se souvenir d’un autre mauvais présage, lancé celui-là par une légende du rock, Mick Jagger, le leader des Rolling Stones, qu’ils ont côtoyé à Londres lors de l’enregistrement final du disque.
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" Finalement, il avait un peu raison "
"Jagger nous avait dit : 'un groupe avec une fille, ça ne marchera jamais'. Pourtant, en principe il a du goût", se rappelle Louis Bertignac dans un sourire, avant de se reprendre : "non, je ne crois pas qu’il ait dit ça. Il a dit 'vous allez vous engueuler'. Finalement, il avait un peu raison", rigole le guitariste de Téléphone. Une anecdote dont se souvient lui aussi un Richard Kolinka hilare. "Il nous a dit : 'ça va pas être facile. Je donne pas longtemps de votre groupe'", se marre le batteur. Pour rappel, Téléphone a été formé en novembre 1976 et s’est séparé dix ans plus tard, en avril 1986. Et jamais le groupe n’est parvenu à se reformer officiellement, des tensions subsistant entre certains membres du quatuor.
" On était aussi bien lotis que les Stones "
C’est en plein Londres que les membres de Téléphone ont rencontré les Rolling Stones, à la fin de l’année 1978, alors que Mick Jagger et consorts sont déjà des légendes de la musique. "On était bien. On avait un super studio pour répéter notre album. Il y avait les Stones juste à côté, qui travaillaient. Donc on était aussi bien lotis que les Stones. Pour un jeune groupe de cons, c’était pas mal", glisse Louis Bertignac, qui ne cache pas une certaine admiration pour leurs glorieux aînés : "on avait du mal à les ignorer. On ne les entendait pas de là où on était, mais on allait les voir, tout le temps."
" Ça faisait quand même quelque chose de les avoir à côté "
Richard Kolinka abonde : "ils avaient des gueules qu’on reconnaissait, quand même. Moi, à l’époque j’étais plus du tout branché Stones. Mais ça faisait quand même quelque chose de les avoir à côté", admet le batteur. "Mais surtout ce qu’on voyait, c’est un groupe comme nous qui était en train de bosser. C’était pas les Stones, c’était juste des musiciens qui étaient en train d’enregistrer un album. Et de faire ce qu’ils pouvaient, comme nous". Son camarade complète, dans le plus pur style Bertignac : "Quand tu voyais les groupies à l’entrée du studio, tu te disais que c’était pas des musiciens comme nous", s’exclame le célèbre guitariste. "Déjà on n’avait pas de groupies. Mais en vrai, c’était des mannequins qui attendaient", conclut-il.