Relations tendues avec la Russie, mouvement #Payetonauteur, contestation de grands éditeurs… le 42ème Salon du Livre de Paris, inauguré jeudi par Emmanuel Macron, doit faire face cette année à de multiples controverses.
La Russie, pays (plus tellement) à l'honneur
Comme tous les ans, un pays est l'invité d'honneur du Salon du Livre de Paris. Et après le Maroc, c'est la Russie qui sera célébrée en 2018. Trente-huit auteurs russes ont été invités dont Zakhar Prilepine, 42 ans, politicien controversé proche de l'opposant Edouard Limonov, mais aussi écrivain parmi les plus doués de sa génération ou encore Ludmila Oulistkaïa, lauréate du prix Médicis étranger en 1996.
Or le contexte politique risque de ternir quelque peu cet hommage aux belles lettres russes. Emmanuel Macron a apporté jeudi son soutien à la Première ministre Theresa May qui accuse Moscou d'être responsable de l'empoisonnement d'un ex-espion russe et de sa fille le 4 mars dernier sur le sol britannique. Lors d'un entretien téléphonique, les deux chefs d'États "sont convenus de l'importance de l'unité européenne et transatlantique dans la réponse à cet événement", a indiqué l'Élysée dans un communiqué.
#PayeTonAuteur : des auteurs mobilisés pour être payés
Plus de 3.000 auteurs seront présents au Salon du Livre pour rencontrer leurs lecteurs et dédicacer leurs livres. Une activité pour laquelle ils ont, pour la première fois, réclamé d'être rémunérés. Jusque-là, les organisateurs du Salon considéraient que l'événement leur servait déjà à faire la promotion de leurs ouvrages.
Mais face à la situation économique de plus en plus difficile des auteurs - selon une étude du ministère de la Culture, 41% des auteurs professionnels gagnent moins que le Smic - la Société des Gens de Lettres (SGDL) a demandé au Syndicat national de l'édition (SNE), à Livre Paris et à la société Reed Expositions qui organisent le Salon de payer les auteurs pour leurs prestations, dix jours avant son ouverture. Une demande appuyée par les écrivains eux-mêmes qui se sont mobilisés sur Twitter pour partager leur métier difficile avec le hashtag #PayeTonAuteur.
Vous payez le traiteur, l’électricité, vos employés, la sécurité, les plantes vertes. Les lecteurs payent (une blinde) leur ticket, les éditeurs payent (une blinde) leur stand.Mais les auteurs, qui sont le cœur de cette manifestation, devraient être bénévoles ?#payetonauteur [3/]
— ℳaηoη Fargettoη (@ManonFargetton) 5 mars 2018
Mes derniers gros salons: Montreuil, paye les conférences. Lire en Poche, paye les conférences. Saint-Maur en Poche, paye les conférences. Livre du Var, paye les conférences. Y'a pas comme un souci, @Salondulivre ? #payetonauteur
— Olivier GAY (@0liviergay) 5 mars 2018
Le 7 mars, Livre Paris a publié un communiqué pour affirmer que désormais, tous les auteurs seraient rémunérés "quel que soit le format de leurs interventions". Selon le site Internet spécialisé ActuLitté, les auteurs recevront une rémunération de 150 euros pour ces rencontres.
Pour tenir compte des évolutions de la programmation de Livre Paris, @SNEedition et @ReedExpositions ont décidé, à compter de l’édition 2018 de Livre Paris, de rémunérer tous les auteurs, quel que soit le format de leurs interventions #payetonauteur
— Livre Paris (@Salondulivre) 7 mars 2018
La ministre de la Culture Françoise Nyssen s'était d'ailleurs prononcée en faveur de la rémunération des auteurs. "Etre auteur c'est un métier, une vocation, une passion et c'est souvent extrêmement difficile. Il faut rappeler dans quelle situation délicate les auteurs peuvent être financièrement", a argué sur France Inter la ministre, ancienne directrice des éditions Actes Sud.
Quand des éditeurs font sécession
Si le Salon annonce la présence de 800 éditeurs, certaines maisons comme Grasset, Stock ou Fayard, trois éditeurs du groupe Hachette (propriété du groupe Lagardère, comme Europe 1, ndlr), ont préféré s'abstenir en dénonçant le coût de cette manifestation.
C'est aussi pour protester contre les "loyers" des stands que des petits éditeurs indépendants participeront au salon parallèle (et gratuit) baptisé "L'autre salon" au Palais de la femme à Paris et qui se déroule de vendredi à dimanche.
Ce salon regroupe notamment 90 éditeurs indépendants qui s'associent pour "résister à la marchandisation du livre et défend l’exception culturelle, la pluralité et la diversité face à la concentration croissante de l’édition et à l’arrivée de géants mondiaux du numérique dans la chaîne du livre", peut-on lire sur la présentation de l'événement.
Le statut des lecteurs-correcteurs en question
Parmi les nombreux métiers du livre se trouve celui de "lecteur-correcteur", une activité qui consiste à relire et corriger tous les textes publiés pour y traquer les fautes d'orthographe, de syntaxe et autres erreurs typographiques. Ces professionnels, qui travaillent souvent à domicile, demandent une réforme de leur statut. Après l'échec des négociations avec le patronat ouvertes quelques mois plus tôt, l'intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CGT, Correcteurs précaires et FO SNPEP) va se mobiliser une nouvelle fois et distribuer un tract, publié par ActuLitté, pour sensibiliser à leur situation dès l'ouverture du Salon.
Les syndicats réclament notamment la mise en place d'une garantie annuelle de leur volume d'activité et l’égalité des droits pour la maladie, les indemnités de licenciement, la formation, les jours fériés.