Dans l'émission Ça fait du bien, Anne Roumanoff reçoit jeudi le philosophe Raphaël Enthoven pour son nouveau livre L'école des dames, l'histoire de la relation d'emprise entre un metteur en scène de la pièce L'école des femmes et sa comédienne principale. Il se soumet au jeu du questionnaire de l'humoriste. Inspiré par son livre, le thème du jour est "Si vous étiez une femme...".
Anne Roumanoff : quel serait le principal reproche que vous feriez aux hommes ?
Raphaël Enthoven : Leur virilité. Cette prison de la virilité, l'enfermement dans l'idée que l'on doit se faire d'un homme viril. C'est marrant d'ailleurs, parce qu'il y a des époques où les hommes considéraient que la virilité était d'avoir une verge très menue, parce qu'elle obéissait à la volonté, et que la virilité c'était d'avoir la maîtrise de soi. Et dans d'autres époques, on considérait que la virilité était d'avoir une verge énorme, parce que la virilité était la force. Si j'étais une femme, je recommanderais à un homme de chercher sa force ailleurs que dans l'exhibition de ses muscles.
AR : Quel serait le principal mérite que vous reconnaîtriez aux hommes ?
RE : Aux hommes comme tels, je n'en ai aucun à reconnaître. Pour le coup, je ne connais que des individus, je ne connais pas de genre. Il n'y a pas de mérite spécifiquement masculin. La première vertu que j'aime chez les gens, c'est le courage. Et il se trouve également réparti entre tous les sexes.
AR : Si vous étiez une femme et que votre éditeur vous accordait 30% de droits d'auteur en moins que ses auteurs masculins, que vous diriez-vous ?
RE : Je changerais de maison d'édition immédiatement.
AR : A qui ressemblerait l'homme dont vous pourriez tomber amoureuse ?
RE : Si j'étais une femme, qui vous dit que je tomberais amoureuse d'un homme ? Si j'étais une femme, je serais probablement lesbienne.
AR : Si vous étiez une femme, qu'est-ce que vous rêveriez de faire ?
RE : La même chose qu'en qualité d'homme. Je ne crois pas qu'être femme vous donne accès à des dimensions de l'existence dont l'homme ou le sexe d'en face serait privé lui-même.
AR : Quel serait votre modèle de femme ?
RE : Peut-être Elisabeth Badinter, quelqu'un comme ça. Un être de combat.