George Lester Winward avait vu juste. En 1981, ce collectionneur d'art se procure un tableau présentant la Vierge Marie et l'enfant Jésus au centre de la toile et pour lequel aucun auteur n'est identifié. Mais un détail - et non des moindres - attire son attention : les traits du visage des deux personnages affichent une ressemblance troublante avec ceux mis en scène dans La Madone Sixtine, célèbre toile du peintre italien Raphaël, achevé vers 1513. Le collectionneur britannique est alors convaincu d'avoir mis la main sur un chef d'œuvre de l'une des figures artistiques de la Renaissance. Une histoire dévoilée par le Smithsonian Magazine et repérée par BFMTV.
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Peu avant sa mort en 1997 et sans avoir pu percer le mystère de ce tableau, George Lester Winward décide de le confier à des chercheurs qui réussiront finalement à lever le voile entourant cette œuvre. Une poignée d'entre eux, membres des universités de Nottingham et Bradford, décident de faire appel à l'intelligence artificielle pour identifier clairement le tableau.
Les deux visages de la Madone similaires à 97%
Grâce à un outil de reconnaissance faciale, les chercheurs parviennent à comparer minutieusement les deux tableaux. Et leurs conclusions ne souffrent d'aucune ambiguïté : la peinture achetée par le collectionneur est "très susceptible d'être un chef-d'œuvre de Raphaël" selon eux. Cette intelligence artificielle, capable de quantifier la ressemblance de deux visages, a révélé que les deux représentations de la Vierge Marie étaient similaires à 97%. Celles de l'enfant Jésus le sont à 86%.
The de Brécy Tondo is now thought to be by Raphael. Definitely.
— Madeleine Emerald (@emeraldthiele) January 25, 2023
This is because of its similarity to Raphael's Sistine Madonna but mainly because AI says so. Gone are the days of reliable connoisseurship. Facial recognition is not the way to assign value (monetary or otherwise) pic.twitter.com/DYfrErIYFk
D'après Hassan Ugail, expert en informatique visuelle à l'Université de Bradford, deux visages sont considérés comme identiques à partir du moment où leur taux de similarité dépasse les 75%. "Regarder les visages avec l'œil humain montre une similitude évidente, mais l'ordinateur peut voir beaucoup plus profondément que nous, dans des milliers de dimensions au niveau du pixel", ajoute l'expert.
Les chercheurs doivent désormais obtenir un certificat d'authenticité pour définitivement valider les conclusions de leurs trouvailles. Et ainsi confirmer l'intuition première de George Lester Winward, il y a plus de 40 ans.