Woodstock, 50 ans après : aux origines du plus iconique des festivals

Quelque 400.000 personnes ont assisté au concert de Santana.
Quelque 400.000 personnes ont assisté au concert de Santana. © By James M Shelley - commons.wikimedia
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Jean-François Pérès , modifié à
Tout l'été, Europe 1 revient sur les artistes qui ont incarné la révolution Woodstock lors de ce festival iconique, en 1969. Dans ce premier épisode, Jean-François Pérès s'intéresse à celles et ceux qui ont inspiré le fameux "summer of love" avec deux ans d'avance.

Il y eut un avant, il y eut un après. Il y a 50 ans, la vague Woodstock submergeait le monde. Le "summer of love" 1969 allait révolutionner le monde de la musique, mais aussi la société toute entière. Mais pour comprendre l'après, il faut d'abord se saisir de l'avant. Revenir deux ans plus tôt, en juin 1967. Dans le nord de la Californie, à Monterey, un autre festival se tenait. Avec sur scène, déjà, celles et ceux qui allaient faire Woodstock.

Beatnik, antimilitarisme, rejet du capitalisme et droits civiques

Premier grand festival américain de musique pop, au sens large du terme, Monterey rassemble déjà des artistes qui surfent sur les idéaux de Woodstock, mélange de culture beatnik, héritage de Jack Kerouac et de Bob Dylan, mais aussi d'antimilitarisme en ces temps de guerre du Vietnam, de rejet du modèle capitaliste et de soutien au combat pour les droits civiques des Afro-américains. Le tout est mâtiné, il faut bien le dire, d'opportunisme commercial à destination des baby-boomers nés après 1945.

En juin 1967, donc, le grand producteur de l'époque, Lou Adler, rassemble des dizaines de chanteurs et chanteuses sur trois jours, devant une centaine de milliers de spectateurs. Les Beach Boys et les Beatles, même s'ils ne jouent pas, sont les parrains du festival. Et Lou Adler s'adjoint le soutien de John Phillips, leader des Mamas and Papas, le groupe célèbre notamment pour son tube California Dreamin'.

Les Mamas and Papas font justement la clôture de Monterey. Le reste de l'affiche est à la hauteur. Jimi Hendrix, dont la mise à feu chamanique de la guitare en fin de concert a marqué des générations entières. Les Who, déchaînés comme jamais et cassant tout leur matériel (20.000 dollars de dégâts tout de même). Le regretté Otis Redding, qui allait mourir six mois plus tard dans un accident d'avion. Les Byrds, équivalent des Beatles américains, alors à l'apogée de leur célébrité.

La sensation Janis Joplin

Et puis, aussi, celle qui allait tout changer. Une jeune chanteuse hirsute de 24 ans, accompagnée de son groupe Big Brother And The Holding Company. C'est l'une des premières grandes apparitions publiques de Janis Joplin, et celle-ci va immédiatement devenir une star. Notamment grâce à une formidable reprise d'un blues de Big Mama Thornton, Ball and Chain. 

Cette performance vocale incroyable sera capturée notamment par un film, réalisé sur Monterey par Arthur Pennebaker. La pellicule de ce documentariste resté célèbre pour son travail sur la contre-culture des années 1960 immortalise aussi le regard hypnotisé de Mama Cass, l'une des chanteuses des Mamas and Papas, bouche bée durant de longues secondes devant l'interprétation de Janis Joplin. Cette dernière devient immédiatement une icône de l'époque. Elle promeut ouvertement l'amour libre, l'usage des drogues douces (qui deviendront dures assez rapidement), et les excès en tous genres. Elle sera de retour à Woodstock, mais il ne lui restera alors plus que trois ans à vivre. 

La construction d'une communauté

Parmi les groupes présents ce weekend-là à Monterey, il y a les Byrds et Buffalo Springfield. Tout ce petit monde vit à Laurel Canyon, sur les hauteurs de Los Angeles. David Crosby, des Byrds, et Stephen Stills, du Buffalo Springfield, seront bientôt rejoints par Graham Nash du groupe anglais The Hollies pour former le trio Crosby Stills and Nash. Un "super groupe", disait-on alors... qui va devenir un "méga-groupe" avec l'apport de Neil Young.

Deux ans après Monterey, ils seront à Woodstock et chanteront sur leur deuxième album l'hymne du festival, écrit par la Canadienne Joni Mitchell, muse et égérie de cette petite communauté en passe de rassembler un demi-million de personnes dans un champ du nord-est des Etats-Unis.