Remparts troués par les obus, pick-ups carbonisés et bâtiments en ruines, à Palmyre, les traces des combats sont encore présents. La cité syrienne, réputée pour son site antique, a été reprise au groupe État islamique par les troupes de Bachar al-Assad, fin mars dernier. Cette cité de Palmyre "n’a pas complètement perdu de son allure", a raconté sur Europe 1 mercredi l'architecte Yves Ubelmann, l'un des premiers à être retourné sur place après le départ de Daech. Invité de Caroline Roux, il a toutefois affirmé que "Palmyre ne retrouverait jamais complètement son état d’avant Daech". L'architecte précise néanmoins : "Il ne faut pas qu’elle retrouve son état d’avant car il faut conserver les traces de ce drame et conserver cette mémoire pour les générations futures".
"Un soulagement". Quand Yves Ubelmann est retourné à Palmyre, ce fut donc "un soulagement de retrouver, malgré le passage de Daech, la typographie du site". Et si l'architecte est retourné sur les lieux, c'est "pour documenter cet état de destruction et le transmettre pour que l’Histoire garde en mémoire jusqu’où peuvent aller ces fondamentalistes". C'est via la société qu'il a cofondée, Iconem, qu'Yves Ubelmann travaille à ce devoir de mémoire. La société a en effet lancé un projet "Syrian Heritage" dont l'objectif est de reconstituer une vingtaine de sites syriens, dont Palmyre.
Réaliser un état des lieux. "On développe des technologies qui permettent de reconstruire des sites historiques de manière très précise, en trois dimensions. Quand nous sommes arrivés sur le site de Palmyre, nous avons donc utilisé un drone pour faire des centaines de milliers d’images de ce site en allant également dans les zones qui n’étaient pas encore déminées. Nous avons ensuite rentré ces images dans un algorithme qui permet de reconstruire un modèle photo-réaliste du site tel qu’il est visible aujourd’hui", a-t-il ainsi expliqué. L'architecte réalise cet état des lieux pour le compte d'archéologues syriens qui, eux, prendront la décision ou non de restaurer le site.
Le travail d'Yves Ubelmann ne s'arrête pas là puisque, comme il l'a expliqué, "nous essayons de simuler les explosions des sites syriens et l'on remonte ensuite, pierre par pierre, sur ordinateur, les temples". "Cela permet ensuite d’identifier sur le terrain d’où proviennent les pierres que nous retrouvons un peu partout et de reconstruire au mieux les sites", conclut-il.